Mercredi 12 Mai…
Il est un moment qui m'a beaucoup plu, celui que j'ai passé à « Los Alburejos », où l'on élève des taureaux de combat et des chevaux, dans la commune de Medina Sidonia. (Je reviendrai sur ce superbe village.)
Ca se passe au pays des chênes verts, des oliviers noueux, des lentisques et des figuiers de barbarie.
Ca se passe tout près de la nouvelle autoroute qui relie Jerez de la Frontera à Los Barrios et qui remplace l'antique route du toro qui tirait son nom des élevages de toros qu'elle traversait entre des clôtures rustiques de fil de fer et de piquets de bois tordus. L'autoroute traverse encore les élevages bien fermés aujourd'hui par de solides barrières métalliques. Mais on peut toujours apercevoir dans l'ombre des bosquets les masses puissantes des animaux redoutables.
Ici, dans ce paysage ô combien andalou, même avec les éoliennes qui ferment l'horizon, se trouve la finca de Los Alburejos, propriété de la famille Domecq.
Don Alvaro Domecq y Diez y créa il y a plus d'un demi siècle l'élevage de Torrestrella, l'un des plus connus d'Espagne.
Chaque Mercredi, Vendredi et Samedi, en fin de matinée on y donne un étonnant et passionnant spectacle. «,A campo abierto ».
Un spectacle ? Oui, certes mais aussi une démonstration qui regroupe les différentes activités de ce lieu pas ordinaire. Tout le monde est mis à contribution, chacun y tient son rôle habituel, les hommes et les bêtes.
Tout commence au moment où on abandonne sa voiture sur le parking. Les quelques centaines de mètres de sentier à parcourir dans la végétation typique de l'endroit et qui font longer des enclos où attendent, immobiles les fauves aux cornes impressionnantes constituent déjà une première approche , une première immersion dans le « campo andaluz »..
Installé sur les gradins aménagés face au vaste espace, on voit venir les troupeaux de très loin guidés par les cavaliers à la garrocha (la longue perche, indispensable instrument de travail et complément de la silhouette du cavalier andalou ).
Vaches et veaux, magnifiques chevaux andalous aux naseaux frémissants dans l'air du matin, juments accompagnées de leurs poulains gambadeurs, et les seigneurs du lieu, les taureaux de combat.
Ce qui surprend le profane,c'est la calme apparent qui préside à tous ces déplacements et aux activités quotidiennes de la manade. Tout se déroule sans un geste de trop. Aucun signe de brutalité, aucun énervement. Parfois une voix, un ordre, sinon une quasi immobilité des cavaliers.. A leur place. Et l'on devine très vite que l'emplacement est essentiel.
On retrouve ce calme, cette apparente décontraction dans les figures de dressage équestre dont la démonstration est faite au public.
Car si « Los Alburejos » est le siège de l'élevage de Torrestrella, elle est aussi un lieu d'élevage et de dressage de chevaux . Alvaro Domecq, le fondateur de la finca, était un grand cavalier, lui même prestigieux torero à cheval (rejoneador) et épris de ses chevaux.
Il est de tradition d'avoir toujours au moins un rejoneador dans la famille.
Les chevaux andalous sont aussi dressés pour la haute école artistique. Ce sont les chevaux qui dansent, comme on peut en voir aussi à l'école Royale andalouse d'art équestre à Jerez, école qui fut d'ailleurs fondée par Alvaro Domecq et longtemps dirigée par son fils.
Enfin il y a encore un dressage spécifique destine aux chevaux qui sont utilisés dans l'élevage des toros braves.
C'est donc un vrai moment de vie de la finca et du « campo » andalou qui est ainsi proposé aux visiteurs.
Et si vous n'aimez pas la corrida, sachez qu'il n'est jamais fait le moindre prosélytisme pour celle ci. Mais peut être vous rendrez vous compte de l'atmosphère qui imprègne la vie de ces animaux sauvages, avant qu'ils n'aillent suivre leur destinée dans les arènes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire