Retour d'Espagne.. 4500km en 12 jours. Huit régions traversées : Euskadi, Rioja, Castille-Léon, Estramadure, Andalousie, Levante, Castille la Manche, Catalogne.
Des villes et des villages : Haro, Santo Domingo de la Calzada, Salamanque, Béjar, Plasencia, Trujillo, Merida, Zafra, Riotinto, El Rocio, Jerez de la Frontera, Sanlucar, El Puerto de Santa Maria, Medina Sidonia, Ubrique, Ronda, Grenade, Tolède, Cuenca, Deltebre, Tortosa, Lleida, La Seu d'Urgell...
Une profusion d'images, de sensations, Aller gratter là où les gens ne vont pas, et parfois là où les touristes s 'agglutinent.
J'ai rapporté des photos, des images, des réflexions. J'ai mélangé les Espagnes, l'ancienne, la nouvelle...
Ce pays je le connais , presque autant et parfois mieux que le mien depuis que j'y ai trainé mes guêtres. J'ai vu les routes poussiéreuses, défoncées, bosselées, sur lesquelles trainaient les camions Pégaso poussifs et crachant leur fumée. J'ai senti l'odeur d'huile d'olive flottant sur les villages engourdis dans les brûlants après midis d'été. J'ai poussé la porte ou écarté le rideau de panaderias de village où l'on vous vendait un pain à la mie massive, enveloppé dans un papier rugueux. J'ai bu de l'eau des fontaines, et des pastis ou des finos accompagnés de grosses olives savoureuses, sous les ombrages à l'heure du paseo. J'ai vu Rafael de Paula au Puerto et les gitans l'accompagnant de bulerias .
J'ai vu la misère du peuple au temps du franquisme, et les changements de la movida. Je n'ose pas dire la révolution puisqu'il n'y a eu aucune révolution.
Et je vois l'Espagne d'aujourd'hui.
Alors : « Qué tal, hombre? »
D'abord, mais ça n'a rien à voir avec une quelconque évolution mais plutôt avec un hiver de pluie et de froidure, l'Espagne est verte en cette mi-mai. Verte jusqu'au fond de l'Andalousie avec des creux gorgés d'eau. C'est la première surprise.
Et puis à la sortie de chaque agglomération, il y a les « urbanizaciones », des quartiers de cages à poules aux trois quarts abandonnés où le génie des architectes s'est employé à fond pour faire du nul , de l'arnaque, du petit. Vous rappelez vous ce petit président, chez nous, qui nous donnait l'Espagne en exemple, où tout le monde allait être propriétaire (au prix de l'endettement privé) et qui souhaitait la même chose pour nous ? Quelle honte ces hideux appendices inachevés qui défigurent l'environnement. Plus d'un million d'appartements invendus. Ceux qui ont imaginé et prôné cela devraient être punis, mais ils sont toujours là et on peut leur faire
confiance pour recommencer à la première occasion, à notre détriment. Pendant ce temps là les coeurs des bourgs, aux merveilleuses façades anciennes, avec leurs superbes plazas mayores manquent souvent d'entretien et de mise en valeur
Et remarquons une chose : sans doute étaient ils contents les néos franquistes du Partido Popular, les Aznar, Rajoy et compagnie, de laisser Zapatero se dépatouiller avec la catastrophe qu'ils avaient enclanchée. Bien sûr, il n'arrive pas à cs'en sortir sans désastre et sans impopularité, puisque, en bon socialo-libéral sa conception de l'économie est en gros la même. Les autres n'attendent que sa chute pour revenir... C'est aussi ce qui pourrait bien se passer de ce côté ci des Pyrénées...
L'Espagne est aujourd'hui sillonnée de routes ultra modernes. Autoroutes, nationales, déroulent leurs rubans de bitume neufs à travers les campagnes. Les fonds européens ont servi, donnant l'illusion d'un développement qui n'était que de façade. Mais attention, ne vous embarquez pas sur une Nationale ou sur une route locale comme la A2304 qui serpente à travers la sierra proche de Ubrique, sans avoir pris vos précautions. Sachez que embarqué sur la chaussée étroite il vous sera quasiment impossible de vous arrêter. Rien n'a été prévu et des fossés profonds de un mètre, taillés au ras du bitume, vous séparent de la nature avoisinante. Tant pis pour les photos et autres activités !
A part cela, les paysages pourvu qu'ils ne soient pas encombrés d'éoliennes ou de panneaux solaires à perte de vue, sont toujours aussi impressionnants dans leur austérité.
Washington Irving écrivait déjà, en 1823 : « c'est un pays sombre et sévère, aux monts hérissés, aux plaines immenses privées d'arbres, ineffablement solitaires et silencieuses... Mais si l'Espagne est à peu près dépourvue de l'agrément des bois et des forêts, elle y gagne en hauteur et en noblesse. Je crois mieux comprendre la fierté, la bravoure, la frugalité, la tempérance de l'espagnol, son mâle mépris de l'infortune et son dégoût de la mollesse, depuis que j'ai vu le pays qu'il habite. Il y a dans l'austère simplicité des lignes du paysage espagnol, quelque chose qui fait naître dans l'âme le sentiment du sublime... »
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