Quelle mouche avait piqué le petit empereur? Voici qu'au cours d'un repas qu'il donna au palais à certains de ses députés et courtisans il ne put se retenir de déblatérer sur les autres dirigeants de l'Europe, traitant l'allemande avec condescendance, rabaissant l'américain, taxant l'européen d'insuffisance (ce qui était plutôt en deçà de la vérité), et injuriant l'espagnol en le soupçonnant de n'être pas intelligent. Ainsi à son habitude fanfaronne et malapprise, s'attribuant les qualités et le mérite en tout, , distribuait il les brevets, les jugements, et même appréciait il le niveau d'intelligence de ses pairs. Le seul qui trouvait grâce à ses yeux et sur qui il prenait modèle était l'italien, fanfaron hâbleur et vulgaire, en qui il se retrouvait et qu'il comprenait.
Bien entendu, il se trouva à ce repas des courtisans pas peu fiers d'avoir été l'objet des confidences du prince et qui se précipitèrent pour aller en informer les gazettes, et de ce fait le monde entier fut en un tournemain informé des opinions qu'il portait sur ses égaux. Les autres princes en reçurent bien vite les échos, et les presses étrangères exprimèrent leurs sentiments peu amènes. L'opinion la plus répandue fut que le « nain à talonnettes », ainsi qu'on le surnomma n'était en rien capable de se contrôler et qu'à son habitude il avait, en s'arrogeant le droit de noter les autres, pété plus haut que son cul. Le malheur voulait qu'il dût se rendre chez les ibères peu de temps après, et que sa sortie fut du plus mauvais effet à si peu de temps de sa rencontre avec le roi d'Espagne.
Cependant à la cour tout n'allait pas pour le mieux non plus. Cela bruissait de rumeurs sur le prochain gouvernement , et les bruits, de murmure devenaient comme le souffle de vents tempétueux qui pliaient les uns et poussaient en avant les autres. Chacun voulait tirer avantage de la transformation, tous tentaient de séduire le souverain. Le jeu était de s'approcher de lui en évinçant les autres, d'essayer de le toucher, voire de le lécher, sans toutefois répandre trop de bave au revers de son bel habit. Le monarque changeait d'avis comme un enfant capricieux, adoubait l'un et disgraciait l'autre pour faire l'inverse l'instant d'après, incohérent à son habitude. Chacun cherchait à plaire pour s'en trouver distingué, bien que dans leur cercle privé beaucoup eussent commencé à mettre en doutes les compétences de leur prince. Rarement courtisans s'étaient montrés aussi obséquieux, aussi hypocrites et aussi médiocres.
Les ministres dont la place était remise en question, avaient pour le plupart d'entre eux échoué lamentablement dans les missions qui leur avaient été confiées, n'avaient réussi par des régressions nuisibles au peuple qu' à attiser son aversion. Certains n'osaient plus sortir tant les résultats de leur ministère étaient cataclysmiques, et qu'ils craignaient de recevoir au visage des oeufs pourris et des tomates . Mais cela ne les empêchait nullement de revendiquer des places en d'autres emplois. L'empereur avait autrefois fait toute une histoire de leur mérite, en promettant que le peuple serait informé sur leurs réussite et qu'une note leur serait attribuée. Dans l'heure, il avait oublié cette promesse comme tant d'autres.
Aussi le duc de Fillon, premier Ministre invisible pouvait il des vanter de n'être nullement usé par le pouvoir. Comme son action avait été d'une nullité parfaite, vu qu'il n'avait rien fait, on ne pouvait l'accuser de s'être miné à l'épreuve. Il semblait qu'il allait être reconduit, faute de mieux. On savait que Sa Majesté avait proposé la place à Strauss-Kahn qui en avait écarté l'offre, pensant sans doute à mieux encore.
Une dont le sort était scellé était la baronne d'Ati, qui à son grand dam se préparait à reculons à partir en exil au plat pays des mines. Rien ne pourrait désormais la rétablir dans l'estime du monarque dont la décision de se débarrasser d'elle était sans retour.
Mais beaucoup lorgnaient sur la place de la baronne. Le comte d'Arcos après avoir démantelé l'enseignement se serait bien vu en fossoyeur d'une justice déjà mise à mal par madame d'Ati. Le marquis de Borloo se voyait à la place de monsieur d'Arcos, mais à la tête de tout ce qu'il y avait d'intelligence dans l'Empire. Nul ne savait s'il prétendait intégrer sa Majesté dans son ministère.
La Marquise de Lagarde, après avoir vu les caisses vides, aurait bien délaissé elle aussi, les finances pour la justice.
Quant à la femme Morano, elle voulait tout, ambitionnait tout, se voyait partout. Elle eût fait un gouvernement, une assemblée, un parlement à elle toute seule.
Le chevalier de Karoutchi était défait. Il avait déplu. Lui, savait quelle était sa destinée. La disgrâce était proche.
Mais ailleurs parmi ceux qui n'y étaient pas certains faisaient leurs offres. Le duc de Rocard, qu'on avait envoyé en ambassade aux pingouins n'était pas de la partie. Mais le Marquis de Lang se confondait en louanges et roucoulait d'admiration en lorgnant vers le souverain. Et le Duc Juppé d'Aquitaine, qui avait promis de ne point revenir aux affaires impériales faisait tout pour qu'on ne l'oublie point.
Quant à la jeune Yadé, elle s'efforçait par tous les côtés de remonter la pente au bas de laquelle elle était tombée pour avoir désobéi.
Certains murmuraient aussi que Santini , obscur préposé aux plaisanteries, prétendait obtenir du monarque une auréole de saint et faire changer son nom en celui de Saint Ini, et que Laporte avait demandé le titre d'Archevêque de Paris et qu'il avait des idées pour i,nstaller des machines à sous en lieu et place des troncs de Notre Dame, mais pour ces deux là, rien n'était certain
Enfin la folie s'était emparée de tous et cela faisait un charivari si grotesque et malséant, que Sa Majesté dut intervenir pour refroidir les ardeurs des courtisans. En son Conseil il enfla la voix pour gronder ses Ministres et les prier de ne point se ridiculiser avec un tel spectacle. Il oubliait sans doute que par son comportement, sa décomplexion, ses attitudes et ses remarques lourdes de vulgarité et de suffisance, il avait lui même ouvert à la Cour le chemin de ce ridicule.
L'ancien tyran d'Afrique, Amin Dada, eût promis les crocodiles, mais fort heureusement les bassins du palais ne contenaient que des canards.
2 commentaires:
Le Duc de Fillon toujours dépressif pense que la reprise sera molle...l'Empereur lui- même ne souffre t'il pas( selon les propos de sa Dame de sport)d'une faiblesse du périnée?Peut on alors dans ce contexte parler de droite dure?Tout cela n'est que du flan!
Le comte de Vil Pain Baille Roux etait songeur.. Le chevalier K...? Bien digne mot pour pareil canasson..:-) Et la femme M.... M comme mégère ?
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