Aux temps déjà anciens où Sa Petite Majesté Pépins le Bref régnait sur l’Empire du haut de ses talonnettes, se produisit une extraordinaire , autant que rocambolesque histoire . Nous la voulons narrer ici même.
Or donc, il advint en ces temps là que l’empereur , on ne sait pour quelles obscures autant qu’étranges et surprenantes raisons , s’enticha du grand Mamamouchi du désert et l’invita en sa capitale .
Le Mamamouchi débarqua , menant grand train d’hommes , de bagages, de femmes et de serviteurs, et déploya ses tentes et tout son appareil sur les pelouses impériales . Ce furent quatre jours d’amitié, de festoiements et de cavalcades . Les avenues se trouvèrent fermées pour laisser place aux flamboyants cortèges. L’Empire n’avait point vu encore tel déploiement de fastes et de réjouissances.
Puis eut lieu la séparation et le Mamamouchi repartit en son désert , remportant ses tentes , ses gardes et ses femmes .
Or voici que quelques temps plus tard le Mamamouchi fut prestement trucidé en son domaine par une troupe des mousquetaires de Sa Petite Majesté…
L’affaire parut étrange à quelques impertinents gazettiers . Ces gens là sont toujours friands de renifler l’odeur nauséabonde des lieux d’aisances . Il est un fait qu’on eût pu trouver surprenant qu’une aussi belle et pure amitié fût suivie en aussi peu de temps d’une aussi surprenante volte face.
L’un des parents du Mamamouchi prétendit qu’icelui avait fait parvenir à son ami Empereur moult cassettes d’or . Et ce n’était pas rien , il n’était question de rien moins que cinquante millions d‘écus d’or.
L’homme ne parut pas si franc qu'on le dût croire
Puis arriva le temps ou Sa Petite Majesté se trouva déchue de son rang et chassée du trône . C’est alors que la rumeur des cassettes d’or s’enfla et prit vigueur au point que des juges s’en durent saisir. On soupçonna le Comte de Guéant , majordome du Palais , d’avoir reçu les cassettes et les avoir transmises au souverain .
Alors se présenta le flibustier . Le flibustier déclara avoir lui même, transporté les cassettes, et les avoir de ses mains, dans un réduit secret du palais impérial , remises au Comte de Guéant , en vue qu’elles fussent transmises à Sa Majesté.
Les juges embastillèrent le flibustier et l’interrogèrent . Dix fois, et dix fois il répéta la chose sans pour autant qu’il fût besoin d’en recourir à la question. Il narra ses voyages et prétendit que des proches de Sa Majesté avaient eux aussi reçu des subsides . Il fut question du Comte de Guéant , et aussi du brillant Marquis d’Hortefeux, et du baron Woerth, qui avait été habile dans le négoce des champs de courses .Tous, jusques à l’Empereur déchu, furent, d’ordre des juges, traînés devant les tribunaux.
Et si jusqu’à ce jour, les jugements n’ont point été rendus, c’est tant à cause des lenteurs de la justice, que des manœuvres des avocats procéduriers qui préfèrent que les affaires traînent et finissent par se perdre dans les méandres de l’oubli.
Mais voici que le flibustier, désormais pauvre et abandonné de tous, fut libéré de ses fers et sorti des geôles, et aussitôt s’en fut vers le Liban qui est l’asile où se pressent les fuyards.
Or un matin, affamé et en guenilles, il rencontra deux hommes qui lui demandèrent qui il était et ce qu’il faisait en ce lieu … Il leur narra sa triste vie et leur raconta que de cassettes, jamais il n’en avait vu ni même approché, que tout cela n’était que fariboles inventées par les juges pour compromettre l’empereur …
Il se trouva que par le plus grand des hasards qui se pût faire , les deux hommes appartenaient aux avocats de sa petite majesté déchue et se hâtèrent d’informer leurs maîtres de cette nouvelle.
Les gazettes se trouvèrent pleines de cette surprenante histoire , et l’empereur déchu, lui même, se hâta se déclarer qu‘enfin allait lui être justice rendue, et son innocence prouvée de belle façon.
Reste à voir si les juges, eux, dans leur esprit de nuire, ne seront point convaincus de quelque manigance …
A suivre
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