J'avoue tout de suite, comme ça je n'aurai pas à rétropédaler sur les rétro-commissions, je n'ai pas de preuves. Je ne suis au courant de rien. Je n'ai jamais fait de trafic d'armes, et je ne suis jamais allé au Pakistan, pas plus qu'en Arabie Saoudite. Bon je suis allé quelquefois au Luxembourg, mais je n'y ai rien vu de spécial. Alors voila. Aussi ignorant que Juppé, j'écoute ce qu 'on me raconte, je fais confiance...
Oui oui, parfaitement, j'ai une grande confiance en ceux qui nous racontent la chose, parce qu'ils me paraissent sincères. La jolie sortie de notre Président sur les pédophiles a fini de me convaincre. Comment ça, vous riez? Il n'y a pas de quoi. Franchement. (Avez vous vu Sarkozy dire : franchement... franchement, il y a de la franchise là dessous...)
Je vais quand même essayer de vous raconter la chose, sans preuves, mais à ma façon...
D'abord j'ai cru comprendre que nous étions un des principaux vendeurs d'armes au monde (non je le savais déjà). Un pays qui vend autant d'armes que nous ne peut que faire le bien et donner des leçons au reste de l'humanité. En plus c'est bon pour notre économie , et l'économie c'est ce qui compte. Je devrais tempérer un peu, parce que ce n'est pas toujours toujours bon. Par exemple il y a des choses qu'à force de commissions et de rétro-commissions on finit par vendre à perte, parce que les ventes d'armes c'est pas un jeu d'enfants de choeur. Il y en a du truand qui grenouille là dedans ,des intermédiaires, des pattes à graisser, des politiques à arroser ou encore des mauvais payeurs.. Sans rétro-commissions ça peut craindre. Avec les rétro-commissions, certes notre pays peut y perdre dans son ensemble, mais certains personnages s'y retrouvent facilement. Il suffit d'aller chercher les camions de billets au Luxembourg.
J'ouvre là une parenthèse pour le Rafale. Le Rafale c'est une merveille que nous avons subventionné à tour de bras avec nos sous, mais qui malgré tout, avec toutes les commissions possibles et imaginables reste invendable. C'est pas une affaire, mais consolons nous en nous disant qu'au moins il ne provoque pas de rétro-commissions (mais des subventions).
J'en reviens à mes moutons, je voulais dire à mes sous-marins. Deja en 1993 il y avait quelqu'un qui prétendait qu'il ne fallait pas vendre de sous-marins au Pakistan, que ça n'était pas rentable et que ça nous retomberait sur la tronche. Ah, vous voyez qu'ils ne sont pas tous pourris. Sauf que ce type c'était le chef de cabinet de Michel Sapin, ministre socialiste des finances, parce qu'en ce temps là, les socialos étaient encore au pouvoir, le premier ministre s'appelait même Pierre Bérégovoy. Mais ça n'allait pas durer, parce qu'une branlée mémorable se préparait.
Après la raclée, c'est Edouard Balladur « Sa courtoise suffisance » comme l'appelait le Canard, qui vint aux affaires. Mais si, voyons, Balladur. Ca ne vous dit rien? Comment vous expliquer? Un genre de dindon au jabot avantageux qui plastronnait fièrement, entouré de petits jeunes prometteurs, les Nicolas.
A vrai dire, c'est Chirac qui aurait dû prendre le poste, mais lui se trouvait bien à la mairie de Paris et comme chef du RPR. Il avait déjà donné deux fois comme premier Ministre, et il voulait se préparer tranquille pour la présidentielle de 1995.
Même sans preuves, j'imagine bien l'entretien avec Balladur : « Edouard, c'est toi qui vas y aller à ma place, mais pas d'entourloupe, hein... -Voyons Jaaaques, vous me connaissez, vous savez que vous pouvez avoir confiance. Jamais je ne vous porterai tort, juré promis... »
Et hop... un an après Ballamou était candidat, encouragé par les sondages de popularité... C'est fou ce que vous pouvez être cons mes très chers compatriotes quand ça vous prend! Balladur populaire. Je me demande...
Chirac aurait pu comprendre, avec toutes les trahisons qu'il avait lui même à son actif, Chaban pour Giscard, Giscard pour Mitterrand et quelques autres. Mais trahir ou être trahi ça fait deux hein. En plus, le gars n'a pas une réputation de désintéressement exemplaire, et c'est lui qui avait les clés du coffre fort au RPR.
Vous suivez mon raisonnement là? Une campagne électorale, ça coûte cher. Bien plus cher qu'on ne l'imagine, même si la commission de vérification dirigée par Roland Dumas (ou par d'autres) entérine les comptes. Alors? Mettez vous un instant dans la peau du personnage, rengorgez vous, paradez majestueusement, et posez votre candidature... Comment allez vous financer ça? Vendre votre twingo ça va pas suffire. Vous pouvez taper la famille et les potes. Vous ne connaissez pas la mère Bettencourt, je vous le rappelle, et elle doit être bien surveillée maintenant.
Peut être que si vous aviez trois sous-marins à vendre au Pakistan... Non je rigole, là...
Une solution, ça serait de faire des meetings. Le meeting rapporte. Vous placez une corbeille à l'entrée et miraculeusement elle se remplit de billets de cinq cents francs tout neufs.. Enfin, vous êtes allés comme moi aux meetings de Balladur. Nous emportions joyeusement nos billets de 500 Francs pour participer à l'effort national. Rappelez vous!
En y réfléchissant, ça ne doit pas être moi, et vous non plus je présume. Quoi qu'il en soit, les billets de 500 Francs pleuvaient. A l'époque on parlait en Francs, rappelez vous. Au fait il se peut bien qu'on y revienne sans trop tarder après un phénoménal passage à l'Euro.
Balladur a donc ramassé comme ça dix millions de francs en billets de 500. Il a loué un camion chez AVIS, et c'est Nicolas qui l'a conduit au QG avec sa cargaison de billets.
Vous n'êtes pas obligés de croire tout ce que je raconte. Ca ne devait pas être chez AVIS et Nicolas n'a pas son permis poids lourd.
Et alors où est le problème, direz vous? Attendez la suite...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire