Même si je n'y assiste pas souvent.
Je n'en éprouve aucun remords. J'aime ces fins d'après midi, quand l'ombre s'allonge sur le sable doré, et qu'en bas se déroule la lutte éternelle de l'homme dérisoire, un peu ridicule avec ses bas roses et son lourd costume à paillettes dorées , le combat à la fois ancestral et artistique de l'homme contre l 'animal.
Et moi je me trouve là, sur ces gradins, parmi cette foule pacifique et bon enfant qui partage mes émotions. Des tueurs ? Des bourreaux d'animaux ? Mensonges... Il n'est qu'à les regarder.
Je ne demande rien, je ne cherche pas à convaincre, je ne me lèverais pas demain pour défendre la corrida si elle venait à disparaître (ce qui serait sans doute en partie par la faute de ceux qui l'exploitent, parce qu'il y a aussi des abus , des tricheries, des malhonnêtetés)... il y a en ce moment d'autres combats à mener.
Mais je peux dire ma pensée.
Les talibans « animalistes », leur intolérence et leur violence souvent dirigée contre l'homme m'horripilent. Comme s'il n'y avait pas d'autres luttes, comme si l'animal était plus précieux que l'homme. Dix centimètres de corne sortant de la bouche d'un homme ensanglanté ne me réjouissent pas. (Au fait il va bien Julio Aparicio, merci pour lui et tant mieux...)
J'ai vu des vidéos « antis » qui circulent sur le net, dégoulinantes de sang jusqu'à l'absurde, bourrées d'exagérations et de contre-vérités. Si la cause est si juste, pourquoi serait il nécessaire de mentir ou d'exagérer ?
Et la question que je me pose c'est « où s'arrête l'animalité digne d'intérêt » ? Au taureau de combat qui meurt dans l'arène ? Au chien familier ? Au chat qui fait souffrir la souris ? A la souris victime du chat ? La poule déplumée condamnée à pondre ses yeux dans un espace A4 est elle moins intéressante que le taureau ? Sa souffrance est elle moins digne de notre considération ?
Et peut on ainsi aller jusqu'à la tique et au doryphore, qui sont aussi des animaux ?
C'est dire l'extrême étendue du monde animal, des millions d'espèces qui ne peuvent être résumées en une seule conception de ce qu'est l'animal.
Le chien obèse et presque aveugle à force de sucreries, de ma voisine, soumis à la tyrannie de sa maitresse « maman » ne fait l'objet comme par hasard d'aucune protestation... Au contraire.
Pourtant, si demain , lors de quelque hypothétique réincarnation, (qui sait?), on me donnait le choix entre chienchien à sa mémère et taureau de combat, j'aurais vite choisi.
Je suis allé voir les taureaux de combats dans leur univers. Car il n'y a pas que le moment du combat qui m'intéresse, il y a aussi l'animal. Or quel animal mène une vie aussi libre, aussi préservée que celui ci pendant les quatre ou cinq ans de son existence avant que sa destinée ne l'atteigne ? Aucun... La liberté, les grands espaces. Ces animaux dans leur milieu sont remarquables d'allure, de puissance.
Mais ce que regardent les anti-corridas, c'est le moment de la mort.
Parce que voilà bien le problème en fait. Nous sommes dans une société d'une hypocrisie redoutable en ce qui concerne la mort. La mort, nous n'en voulons plus , mais nous n'avons pas encore réussi à l'empêcher. Alors faute de mieux, nous ne voulons plus qu'elle se voie.
Qu'importent les abattoirs, leurs portes sont closes. Nous mangeons plus de viande que nous n'en avons jamais mangé, mais nous refusons quoi que ce soit qui nous rappelle que ce que nous avons dans notre assiette provient d'un être vivant. Nous ne mangeons plus le poisson qu'en filets, le poulet qu'en aiguillettes, le canard qu'en magrets...
Autre chose : notre société perd ses repères. Nous ne savons plus où sont nos limites, nos marges. Nous avons perdu tout sens de la solidarité. Plus nous confondrons l'homme et l'animal, et plus nous perdrons notre humanité pour répondre à nos seuls instincts, à nos pulsions, à nos envies immédiates.
Rappelons quand même que l'homme pour survivre et se nourrir a toujours du combattre l'animal car il était en forces , en vitesse, en agilité le plus dépourvu de la nature.
Le philosophe Francis Wolff, dans un très intéressant ouvrage : « Philosophie de la corrida », chez Fayard souligne un autre aspect du problème, la contradiction qui existe entre le fait de sauver des individus et le fait de préserver une espèce animale. Bien que à peine un veau sur six qui naissent chaque année dans un élevage de taureaux finisse à l'arène (un certain nombre d'autres, jugés insuffisants finiront hélas pour eux, une vie plus brève à l'abattoir) , le taureau de combat n'est élevé que dans l'optique de la corrida. C'est la prélèvement effectué pour le combat qui justifie l'existence du troupeau. Rien d'autre. A noter que la loi naturelle de régulation impose ainsi la disparition d'individus pour que subsistent les espèces... Interdire la corrida, c'est en finir avec l'espèce spécifique du toro de combat. « En choisissant de secourir l'individu, dit Wolff, on conduit à la mort l'espèce, c'est à dire l'ensemble des individus. »
Bien des questions se posent, des questions éthiques, morales, biologiques, voire économiques. Je n'ai pas forcément les réponses à ces questions. Je trouve normal qu'il y ait des lois qui protègent les animaux et en particulier nos compagnons de toute cruauté gratuite et inutile. Je trouve aussi stupide d'exiger de l'homme vis à vis de l' « animal » englobé dans un seul concept, un comportement unique et stéréotypé. Et encore plus stupide et obscène d'agresser violemment celui dont on ne comprend pas la passion.
Voilà. C'est dit!
1 commentaire:
Ok c'est dit, mais ça va pas m'empêcher de donner mon opinion ! Non Monsieur ce qui me gêne ce n'est pas la mort, c'est le picador et le peones, la bête est d'abord piquée avec une lance de 2.60 m terminée par une pointe d'acier puis par par les banderillas charmants batons terminés par un harpon de 4 cm et après tout ça on trouve le toréador plein de courage, mais bien sûr ! Face à une bête saignée qui souffre tssssssssss là je te comprends pas et d'abord tout le monde ne mange pas pensant que les canards n'ont que des magrets pffff il m'arrive encore de plumer du gibier je sais d'où vient la viande que je mange, je trouve que c'est très différent de tuer pour se nourrir que de tuer pour le spectacle, mais bon depuis le temps qu'on se connait je ne vais pas me lancer dans une grande discussion tu resteras sur ta position et moi sur la mienne, mais quand même le coup des doryphores fallait oser ça a quand même réussi à me faire sourire..... Bises Nal
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