Je l'ai déjà dit , parmi les DVD que j'achète à bas prix souvent par lots, il y a des quantités de navets et quelques perles insoupçonnées. Et puis il y a de curieux objets non identifiés comme ce « Walker » d'un cinéaste inconnu de moi jusqu'à maintenant, Alex Cox qui, selon ce que j'ai pu en lire ici ou là serait un joyeux drille.
« Walker » raconte une histoire réelle, mais c'est un film totalement baroque qui ne sait jamais trouver son chemin entre le grand guignol et la dénonciation politique.
Mon propos n'est pas de critiquer le film, mais de raconter l'histoire de son héros, William Walker, aventurier plus que félé qui par certains aspects rappelle assez un autre personnage dont j'ai parlé Antoine de Tounens, roi d'Araucanie et de Patagonie. Les deux histoires sont du reste contemporaines.
Ce Walker, né à Nashville (Tennessee), en 1824 fit des études brillantes, médecine en Europe, puis Droit à la Nouvelle-Orléans. Il exerça dans sa jeunesse les métiers de médecin à Philadelphie, puis de juriste et enfin de journaliste. Sa fiancée sourde et muette meurt du coléra et c'est à partir de ce drame que sa vie bascule et qu'il se lance dans l'aventure. Son projet: fonder en Amérique latine des colonies dirigées par des anglophones blancs.
Sa première conquête a lieu au Mexique, où, entouré d'une bande de mercenaires il s'empare d 'un petit territoire quasiment désert, Sonora. Il crée la République de Sonora et s'en proclame, évidemment président. Bien sûr, ce n'est qu'un début et il lorgne les régions avoisinantes. Sauf que les mexicains ne l'entendent pas comme ça et l'obligent à s'enfuir et à regagner les Etats-Unis. Là il est jugé pour sa croisade illégale...et acquitté ( parce que le public californien apprécie ce genre de comportement).
Fin du premier épisode, mais notre flibustier, à l'instar de son confrère périgourdin ne capitule pas si facilement.
Le voilà reparti, avec une autre bande de fadas, cette fois pour le Nicaragua.. Son arrière pensée est de partir de là pour conquérir le Honduras et les autres pays d'Amérique centrale. Il pense aussi à la construction d'un canal qui permettrait d'améliorer les transports entre l'est et l'Ouest des USA. Une compagnie américaine, celle de Cornélius Vanderbilt se charge de transférer les marchandises d'une rive à l'autre. Walker arrive au Nicaragua avec ses troupes , passe une raclée à l'armée locale, et il s'empare de Granada, la capitale où il installe sa cour. . Il finit par s'élire lui même président de la République, même pas besoin de TF1.
Seulement voilà, alors qu'il réunit une armée de truands, de crapules et d'illuminés pour conquérir les pays voisins, y rétablir l'esclavage (ce qui lui attire la sympathie des états sudistes américains qui lui envoient de nombreux sympathisants... Le président lui même, Franklin Pierce, reconnaît le régime de Walker. C'est dire si les USA ont souvent mené des croisades pour la civilisation et le progrès!) l'ami Cornélius Vanderbilt , le patron de la route transversale entre Atlantique et Pacifique, prend notre héros en grippe... L'homme d'affaires finance en douce une coalition des états voisins pour qu'ils attaquent le Nicaragua. De plus il offre une prime aux déserteurs de l'armée de Walker et paie leur rapatriement aux States.
En Avril 1858, les troupes du Costa Rica envahissent le Nicaragua et passent la branlée à la bande à Walker. Et toc! Il doit démissionner le 1er Mai et rentre chez lui, où il est accueilli en héros. Pensez... le type qui voulait rétablir l'esclavage! Les racistes du sud l'adorent.
Vous croyez que mon histoire est finie? Que nenni. L'ami Walker repart, cette fois au Honduras. Pas de pot, il tombe sur la Royal Navy qui fait le guet parce que les anglais ont l'intention de creuser le canal de Panama. Ils remettent le flibustier aux autorités du Honduras, et le 12 Septembre 1860, au petit matin il est fusillé sur une plage déserte près de Trujillo.
Sur sa tombe, que je ne suis pas allé voir, il y a paraît il une inscription qui dit: « Gloire aux patriotes qui ont libéré l'Amérique centrale de ce pirate sanguinaire. Malédiction à ceux qui l'ont soutenu et aidé.»
On peut imaginer un instant que Walker et son collègue Antoine de Tounens aient réussi dans leurs projets de dingues. Nul doute qu'un jour ils se seraient rencontrés, peut être sur les rives de l'Amazone, pour se foutre une peignée!
Ceci étant, vu le nombre de crapules, d'escrocs et de dictateurs qu'on retrouve dans l'histoire de ces contrées, ceux ci n'étaient pas forcément pires que les autres...
1 commentaire:
tout ca a cause d'une fille sourde et muette qui se chope le cholera !
y'a toujours une femme derrière ces histoires là
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