Voici l'histoire d'un type bizarre, doux rêveur, illuminé ou mégalomane, sans doute un peu tout cela. Cet Antoine Tounem né en 1825 dans une famille de paysans aisés du Périgord a pu passer son bac (pas mal pour l'époque), et se retrouver avoué à l'ombre de la blanche cathédrale Saint-Front, là « où se font les meilleurs foies gras du monde »...(on dit merci pour la pub)
Sans doute être enfermé dans son office lui donnait il le temps de rêver, de vagabonder par la pensée, et de lire puisque c'est la lecture d'un poème épique de conquistador, traduit par Voltaire, « la Araucana » qui commença à lui mettre des idées en tête.
Comme ce poème parlait de fiers et glorieux indiens, les Mapuches, Tounem commença à s'imaginer à leur tête et se vit un destin royal.
Mais pour être royal il faut d'abord être noble. L'Antoine alla s'acheter une particule à Bordeaux (en ce temps là les particules s'achetaient comme les fromages de chèvre sur le marché, même les Giscard ont pu devenir d'Estaing) et devint Antoine de Thounens, et en passant devant chez les francs-maçons, il s'inscrivit, ça peut toujours servir.
Après quoi il vendit sa charge d'avoué, et sa famille emprunta 25000 francs pour financer son expédition. Et le voilà parti.
Le 18 Août 1858 il débarque à Coquimbo à 400 bornes de Santiago, et il se prépare à conquérir son Royaume. Au moins voilà un type qui ne craint pas de passer du rêve à la réalité.
Maintenant il faut qu'il aille à la rencontre de ses sujets , et ça ne va pas être très facile de communiquer..
Heureusement , il a potassé les légendes indiennes et il a vu que les indiens attendaient un sauveur blanc et barbu, qui les mènera à la victoire. Ah que ça tombe bien le voilà le sauveur.!
Antoine se rend donc en Araucanie en 1860, rencontre un chef indien, Quillapan, qui le présente comme ce sauveur attendu, et les autres y croient. Ils y croient d'autant plus que le petit avoué de Périgueux leur promet des armes, beaucoup d'armes, des bateaux chargés d'armes...
Dans la foulée notre bonhomme se proclame Roi sous le joli nom d'Orélie-Antoine Premier, et pas regardant sur les distances, il annexe d'un coup la Patagonie. Il promulgue dans la foulée une constitution et fait signer des lois que personne n'a jamais lues, par des ministres bidons dont il invente les noms. C'est comme si notre président faisait signer des lois par Kouchner, Fillon ou Devedjan qui ne sont que des ministres inventés pour nous faire rire (par contre on ne pourrait pas inventer Bachelot, Hortefeux ou Besson qui sont incomparables) ....
Antoine-Orélie a des idées il écrit a Napoléon III pour obtenir de l'aide, il demande la création d'une ligne de vapeurs entre Bordeaux et l'Araucanie...
Tout le monde s'esclaffe, sauf le gouvernement du Chili qui commence à s'énerver (et les indiens parce qu'il n'y a plus un radis dans les caisses).
Le 5 Janvier 1862, il est enlevé, collé dans un cul de basse-fosse, jugé et condamné à mort. Et puis sa peine est commuée en perpète, et finalement le consul Général de France obtient son rapatriement, à condition qu'il renonce à son trône.
Le voilà revenu en Périgord mais sa seule idée est de rassembler des fonds pour revenir là-bas. Encore une fois c'est sa famille qui cotise, et en 1871 le voilà reparti. Il arrive sur ses terres où il est un peu torturé par une partie de son peuple, mais les autres le reconnaissent à condition qu'il amène les armes promises. Ils le menacent de le tuer s'ils n'ont pas les armes. Ca tourne au vinaigre, et pour s'en sortir il invente une gnorle et leur raconte qu'un vaisseau plein d'armes les attend sur la côte.
Les voilà partis à bride abattue, tagada tagada tagada, et lui en profite pour s'éclipser.
Retour à la case départ. Vous pensez sans doute que c'est fini? Mais non, en 1874 il est arrêté à Buenos Aires par un colonel Argentin qui l'a reconnu. Rapatrié par les soins de l'ambassade de France. Il récidive en 1876... Mais là, malade et sans le sou, on le récupère sur un trottoir de Buenos Aires. Il est soigné et opéré en Argentine, et cette fois retour définitif à la maison à Tourtoirac.
Sa famille qu'il a ruinée ne veut plus la voir et c'est le seul cousin resté fidèle qui le recueille. Il mourra chez celui ci en 1878 .
Il est enterré au petit cimetière local où sa tombe aujourd'hui encore est parfois fleurie d'un bouquet aux couleurs de l'Araucanie (bleu et blanc). Et s'il n'avait pas eu de descendant, il a eu néanmoins des successeurs, un certain Achille premier, enterré près de lui , de son nom Achille Lavarde, qui n'est jamais allé en Araucanie, mais a réussi un temps à se faire reconnaitre du gotha comme roi "en exil". La dynastie n'est pas éteinte, malgré quelques déboires après la libération.
Aujourd'hui c'est un certain Prince Philippe qui porte le flambeau.
Comme ce Prince Philippe , Prince d'Araucanie et de Patagonie, n'est pas tout jeune et n'a pas trop de chances de retrouver son pouvoir sur Ushuaïa, pourquoi n'abdiquerait il pas en faveur d'un certain Nicolas Sarkozy, ci devant Chanoine de Latran?
J'avoue que l'idée de voir ce nouveau roi aller s'établir quelque part vers El Calafate pour récupérer la couronne perdue et régner sur un Royaume où il pourrait appliquer à loisir ses idées de "laîcité positive", me plait assez. (que les indiens m'excusent).
Antoine de Thounens faisait signer un ministre fictif appelé Lagrange, Nicolas Ier pourrait emmener Laporte avec lui.
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