Sa Petite Majesté, après avoir reçu le grand Président noir des Amériques, qui ne lui montra guère d'amitié et ne lui fit aucune fête pour avoir mis l'empmire sous l'autorité militaire des américains,organisa un vote pour désigner les représentants impériaux au sein de l'Europe de Sa Majesté.
Le vote intéressa médiocrement les sujets, et à bien y regarder, il n'y eut pas de raison de crier victoire ni pour les uns ni pour les autres. Un sujet sur dix seulement se déplacèrent pour apporter leur soutien au petit monarque, ce qui montrait la désaffection dont souffrait le souverain, et le rejet grandissant que lui portaient les habitants de son empire. Cependant, l'opposition sous le commandement de l'opposante désignée la Marquise Aubry de Lille fut tellement faible, et tellement dépassée, que les candidats officiels et la majorité impériale firent grand bruit et grand tralala autour de leur supposée grande victoire, et que Sa Majesté entonna le grand air des réformes à conduire de plus belle. Chacun savait ce que signifiaient ces réformes, du profit plein les poches pour les uns et un retour dans les misères d'un siècle en arrière pour les autres.
L'Empereur décida aussi de convoquer les valets impériaux en congrès pour parader devant eux. L'opposition se posa la question de savoir si elle devait se rendre à un tel simulacre de démocratie, mais il y a fort à parier que la plupart ne résisteraient pas longtemps à cette tentation. Sa Majesté dans un jour de bonté pouvait en nommer quelques uns dans son gouvernement, qui après l'avoir vilipendé et fait la fine bouche à ses réformes se précipiteraient pour l'encenser plus fort que tout le monde et faire régresser le peuple de la manière la plus brutale. Ainsi en était il des derniers convertis qui sans doute pour rattraper leur retard de courbettes se faisaient toujours les plus ultras.
Les élections avaient quand même apporté une belle satisfaction au petit souverain en précipitant la chute de l'un qui se posait comme son principal opposant, bien que démuni de troupes, le Comte de Bayrou. Ce navarrais qui rêvait d'etre le nouveau roi Henri avait enfourché contre Sa Majesté la rossinante de Don Quichotte, et bien qu'en d'autres circonstances il fût un heureux propriétaire de chevaux de course, sa monture l'avait désarçonné et lui avait fait mordre la poussière. Il n'était pire à droite que ce Bayrou qui brusquement s'était senti des aspirations à gauche pour contourner à lui seul son ennemi. Mais à trop vouloir se contorsionner...
Les écologistes, quel terme barbare, défenseurs des feuillages, de l'herbe fraiche, et des nuages dans le ciel, dirigés par un politicien germanique des plus convaincus qui avait entraîné dans son sillage un paysan madré du Rouergue connurent aussi un certain succès.
Il était arrivé que Sa Majesté se piquât de cette nouvelle tendance écologiste, et organisât au palais, sous la Présidence du Baron du Bordelo, lui même grand amateur de vins, de grandes manifestations l'on appelait des grenelles,orchestrées en vacarmes avec sonneries de clairons et roulement de tambours. Mais leur ambition affichée se perdait au fil du temps, contrariée par les interêts des amis du prince. Tout se diluait enfin en quelques lois jamais appliquées, dont le seul but avait été leur annonce. Lorsque venait le moment des décisions tout était le contraire. L'argent allait à flots aux routes plutôt qu'aux chemins de fer, et l'Empereur venait de déclarer aux constructeurs qu'il souhaitait que l'on supprime la loi qui interdisait de bâtir des bâtiments laids dans des lieux protégés à cause de leur beauté.. Sa petite Majesté disait beau et faisait tout l'inverse.
Quant à ces écologistes, ils étaient si différents, si contrastés, ils tiraient tant à hue et à dia que leur embellie ne paraissait pas pouvoir durer.
La cour s'était mise à bruire du changement prochain de ministres et chacun s'interrogeait sur ses chances. On savait l'Empereur toujours friand de débaucher quelque silhouette nouvelle au sein même de son opposition. Il avait été question un temps du broussailleux Comte d'Alègre qui s'était vanté un peu partout d'avoir négocié son ralliement. Cependant cette rapidité autosatisfaite avait déplu et qui plus est le Comte était loin de la mouvance des écologistes auxquels il ne reconnaissait aucune vertu, tout en se piquant de science. Or sa Majesté était d'humeur à flatter un peu ces amoureux de la nature, ce qui écartait l'impudent.
Le jeune Marquis de Valls qui se disait de gauche et tutoyait la droite la plus dure n'était pas prêt encore à sauter le pas, simplement parce qu'il pensait avoir quelque chance dans son parti.
Il était aussi prématuré d'appeler Tapie aux affaires.
La réorganisation ministerielle était encore nébuleuse et l'hameçon du prince risquait de ne ramener de sa gauche que quelque menu fretin. Les rumeurs restaient aussi confuses quant à ceux dont la disgrâce pressentie allait se trouver confirmée.
Ainsi allait l'Empire qui, si j'ose dire empirait.
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