En ce temps là; il y a bien longtemps, existait de par le monde un pays où cohabitaient deux races de citoyens, les R et les P.
Les R étaient les moins nombreux. Ils n'étaient pas les plus beaux, et encore moins les plus intelligents, mais ils occupaient la plus grande partie de l'espace. Ils possédaient presque toutes les richesses, ils détenaient le .pouvoir, les médias, l'industrie et donc le travail.
Les P n'avaient pas grand chose sinon leurs bras pour accomplir les tâches que les R leur confiaient, des voitures pourries qui polluaient quand ils s'en servaient pour se rendre à leur travail, et parfois, de petites maisons pour lesquelles ils s'étaient endettés auprès des banques.
Entre les P et les R il y avait un président et un gouvernement élus par tout le monde parce que le pays se donnait des airs de démocratie.
En fait le président était désigné par les R qui s'arrangeaient pour le faire élire par la majorité des P, grâce à une campagne éhontée de publicité sur la principale chaine privée. On faisait croire aux P que ce candidat était celui qui défendrait leurs intérêts. Quant au gouvernement et aux députés ils étaient aussi quasiment tous issus des R.
Bien entendu après l'élection les R faisaient la pluie et le beau temps. Ils ne leur restait qu'à dicter leur volonté au président pour être aussitôt obéis.
Ainsi allait ce pays, avec les P d'un côté , les R de l'autre, et le président du côté des R
Or voici qu'un jour , un nouveau président commença à désigner les P comme des tricheurs dont il fallait se méfier et contre lesquels il fallait sévir avec la plus grande fermeté.
Les P trichaient s' ils étaient malades, en mangeant trop de médicaments, ils trichaient en essayant de toucher quand on les envoyait au chômage, de modestes indemnités au dela de la durée de l'indemnisation, quelques uns trichaient encore en percevant l'intégralité du RMI alors qu'ils n'avaient droit qu'à une partie... Quand ils étaient sur internet, les P trichaient en télechargeant illégalement des chansons.. On pourrait multiplier à l'infini le nombre de tricheries dont pouvaient être suspectés les P.
Toutes ces tricheries ruinaient le pays, le précipitaient dans la dette, qu'on ne pouvait laisser en cadeau aux générations futures.
Le president fit donc voter des lois et des lois et des lois, dont certaines disaient le contraire des autres pour réprimer cette gabegie. Il entassa tous les contrevenants. dans des prisons surpeuplées,.
Il arrivait que les jeunes P qui s'amusaient en prison comme des fous, se pendent, azux dires des gardiens, en jouant sans se rendre compte de ce qu'ils faisaient.
Et les R me direz vous? Hé bien les R regardaient tout cela avec commisération. Les R ne trichaient pas. Quand ils voulaient de l'argent, et ils en voulaient toujours beaucoup, ils le prenaient dans les caisses sans avoir à se gêner ni même à se cacher. Ils ruinaient leurs propres entreprises tant leur avidité était grande, pour aller dissimuler l'argent dans les paradis fiscaux, et parfois eux même allaient vivre avec leur magot, désertant leur pays d'origine. Pourtant ils ne manquaient pas une occasion de donner des leçons aux P en leur expliquant comment ils devaient se restreindre en tout pour rendre le pays heureux.
Ils avaient constamment à la bouche la menace de leur départ. Quoi qu'on fit pour les satisfaire ou pour leur plaire, quand l'envie leur prenait de mettre la clé sous la porte et d'émigrer, ils le faisaient sans plus se préoccuper de leur pays.
Bien entendu, on ne faisait aucune loi contre eux. Comme ils étaient les R on devait leur faire confiance, et attendre qu'ils règlent eux-mêmes leurs débordements.
Le président qu'ils avaient installé au pouvoir, n'éprouvait aucun scrupule à agir selon leurs désirs. Ainsi au lieu de faire des lois, en avait il supprimé certaines, comme celle qui pouvait les traîner en justice en cas de comportements par trop frauduleux dans leurs affaires.
L'ennui fut que les R devinrent de plus en plus exigeants tandis que les P courbaient de plus en plus les épaules sous le faix des contraintes qu'on leur imposait.
Plus les R se servaient, plus le pays devenait pauvre, et plus les P devaient se restreindre.
Et plus le président faisait des lois contre les P et faisait confiance aux R..
Un jour , après avoir dit aux P que les caisses étaient vides et qu'ils n'avaient rien à attendre de lui, il sortit seize milliards de ducats qu'il répartit entre les R. Cela fit très mauvais effet.
Quelque temps plus tard, les banquiers annoncèrent que leurs coffre-forts ne contenaient plus rien et qu'ils avaient ruiné leurs banques. Ils quémandaient les sommes nécessaires pour se renflouer et on trouva le moyen de les exaucer sans aucune contrepartie.
Vous vous demandez comment cette histoire se termina, et moi aussi.
Cependant, d'après les échos que j'ai pu en avoir, la fin fut violente. Les P se réveillèrent brusquement et contre toute attente finirent par s'emparer du pouvoir. Comme on était au temps où les têtes se coupaient facilement, il y en eut qui furent exhibées au bout des piques.
Puis il y eut un grand jugement car on estima logique que ceux qui avaient ruiné le pays, qui en avaient détourné les richesses à leurs fins personnelles, qui avaient détérioré l'existence des citoyens les plus démunis fussent traduits en justice.
On y traina le president, ses ministres et députés et un certain nombre de R que l'on put prendre avant qu'ils n'aient le temps de s'enfuir. On les accusa de vol, de corruption, ce qui en ce temps là était très grave, d'enrichissement personnel et de mépris pour le peuple. Aujourd'hui tout ceci n'est plus répréhensible.
Mais à l'époque beaucoup sentirent leur tête rouler dans le sable, d'autant que les instruments en vigueur n'étaient pas parfaitement affutés, et les autres finirent leurs jours parmi les rats dans des cachots sombres et humides.
Heureusement que les moeurs ont changé. Aujourd'hui, si de semblables circonstances venaient à se produire, une telle issue est totalement inenvisageable. Les fautifs ne risqueraient pas le moindre petit jugement.
On peut penser que de nos jours l'Etat bienveillant prendrait en charge les entreprises ruinées, ferait financer par les P leur remise en état, avant de les remettre entre les mains des R pour qu'ils les ruinent à nouveau.
Heureux temps modernes!
1 commentaire:
Après que Mme Chapou est pété un plomb vous voilà utopiste les têtes ne vont pas rouler mais c'est guère mieux et rien n'a changé tssssssssssssss ....
Nal ;-((
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