En ce temps là Sa Majesté se trouva fort occupé à redresser le capitalisme. C'était une tâche de grande ampleur , en tous points comparable aux travaux d'Hercule. Il lui fallut dans les caisses vides trouver les financements qui permissent de réparer les errements de ses amis banquiers et d 'écarter au mieux les funestes conséquences de leur malhonnêteté, incompétence, avidité et impéritie.
D'un autre côté, la crise venait à point pour lui permettre de fondre dans la ruine de l'économie universelle, les résultats misérables de la politique impériale. A quelque chose, malheur est bon, comme le dit le proverbe.
Ainsi pris dans la tourmente, tournoyant et virevoltant, il n'en gardait pas moins l'oeil sur les autres affaires et intrigues de l'Empire. Ainsi ne perdait il pas de vue le malheureux Comte de Villepin qu'il avait décidé un jour de pendre « à un croc de boucher ».
Ce Galouzeau de Villepin était un homme de haute taille, de belle prestance, qui portait beau et s'abandonnait parfois à une poésie hermétique aux profanes, toutes choses qui n'étaient que pour déplaire à Sa Majesté.
L'homme, avant l'Empire, avait été à Chirac. Son heure de gloire était venue d'un discours remarquable prononcé face aux ambassadeurs de tous les états de la planète, réunis en la Nouvelle York, et lui avait apporté un grand prestige. Ensuite devenu Premier Ministre de la République Chiraquienne, il avait, aux côtés de son maître tenté de s'opposer par tous les moyens à l'entreprise pour s'emparer du pouvoir de celui qui n'était encore que le petit marquis de Neuilly .
C'est à cette époque qu'avaient paru des listes de contrevenants aux lois qui auraient détourné des sommes du Trésor pour les mettre en sécurité en des territoires étrangers. Sur l'une de ces listes figurait le nom du Neuilléen. Celui ci porta l'affaire en justice et les listes furent avérées comme étant des faux. L'évènement resta dans la mémoire de celui qui avait failli être victime de la chausse-trappe comme l'oeuvre , du maître et de son âme damnée Villepin conçue à dessein pour le perdre.
L'Empire établi, le dit Villepin s'écarta, vivant sans bruit d'une charge d'avocat (en notre pays tous ceux qui n'ont rien à faire s'établissent comme avocats, ce qui est chose bizarre), et de diverses pensions liées à ses anciennes occupations et qui ne le mettaient pas dans l'embarras.
Cependant le nouveau monarque veillait à ce que sa justice, en sous main poursuivît ses recherches pour tirer au clair les tenants et les aboutissants de la machination. Ainsi la procédure continua-t-elle à couver comme feu sous la cendre.
Cependant, les jours s'écoulant, la colère et la rancune de l'Empereur parurent s'estomper pour laisser place à une certaine mansuétude.
Monsieur de Villepin fut un jour appelé chez le juge qui l'informa qu'aucune preuve ne pouvant être apportée à son encontre la procédure allait se clore d'elle même après quelques dernières vérifications d'usage... Puis il reçut un billet impérial lui demandant de bien vouloir représenter l'Empire aux obsèques d'un poète oriental que Sa Majesté voulait honorer.
Le ciel s'éclaircit d'un coup au dessus de sa tête, et il comprit que tous ces faits étaient les indices d'un pardon et d'un prochain retour en grâce auprès du souverain.
Afin de ne pas être en reste, il se mit lui même à adresser à qui voulait l'entendre de grands et obséquieux compliments sur l'homme dont il avait médit autrefois avec tant d'ardeur. A l'en croire, Sa Majesté avait changé. Devenu serein et calme, l'Empereur en était grandi, mieux que pas ses talonnettes...Le Comte ne trouvait assez de louanges à tresser à celui qu'il avait abhorré...
Vint un billet du palais, par lequel Sa Majesté lui même le mandait pour un entretien et des conseils. L'entrevue resta discrète, mais pour ce qui en filtra, le Souverain avait fait part de son regret qu'un homme de cette valeur restât à l'écart de sa politique et de ses réformes. L'Empire avait le plus grand besoin de toutes les compétences et de toutes les bonnes volontés. Il évoqua un prochain mouvement de ministres, désireux qu'il était de se séparer de certains personnages aussi vaniteux qu'incompétents, et sans l'affirmer clairement laissa entendre que Monsieur de Villepin retrouverait à l'avenir le lustre de ses années passées. Dans un rôle à sa hauteur...
La chose fut elle dite? Murmurée,? Sous entendue? Nullement prononcée mais seulement ouïe? Monsieur Galouzeau de Villepin entendit il des voix?
Toujours est il que dès le lendemain les gazettes et les cénacles ne bruissaient plus que du retour aux affaires de Monsieur de Villepin que l'on voyait déjà Premier ministre de Sa Majesté...
Qui alla, répandant la rumeur qui s'enfla tant qu'une baudruche?
Las, voici que tout à coup, sans prévenir,venant on ne sait d'où, envoyée par on ne sait qui, la justice revint par surprise comme un vent mauvais, détruisant en un instant tous les beaux rêves et les faux bruits, emportant droit au tribunal le pauvre Villepin tombé de haut.
La morale de l'histoire est qu'en politique ou en affaires, il n'est pire faute que la naïveté et qu'il est fou de se fier aux mots des puissants.
Ainsi allait la vie sous l'Empire, avec les grâces, les disgrâces, les faveurs et les rancunes du souverain...
3 commentaires:
C'est grandiose et vous voila tout désigné pour devenir l'historien de l'empire et de ses fables.
J'ai toujours dit qu'il fallait vous lancer dans l'écriture.
Amicalement Nal
Merci de votre visite.
vos photos sont très réussies, j'ai beaucoup aimé celles de Paris.
Bien pour les commentaires je n'ai pas tout lu, mais, jai apprécier certains.
macrobert
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