
« C'est une accablante entreprise que d'expliquer un peuple, surtout quand il n'existe pas. Nous qui en sommes, nous savons bien que nous ne sommes pas suisses, mais Neuchâtelois, comme vous, ou Vaudois, comme moi, ou Valaisan, ou Zurichois, c'est à dire des ressortissants de petits pays véritables... En Suisse, il n'y a que nos boites aux lettres et l'uniforme de nos milices qui présentent quelque uniformité. » (Charles-Ferdinand Ramuz.)
Je l'ai déjà écrit, je me sens bien en Suisse.
Existe t il rien de meilleur que de prendre un apéritif sur la promenade d'Ascona en regardant les lumières s'allumer sur les rives du Lac Majeur et au flanc des montagnes..Ou sur la place de Sion contempler les derniers rayons du soleil qui s'attardent sur la colline de Valère, ou encore , assis sur la promenade de Montreux, observer la navigation du Léman? Et tant d'autres endroits. Moments magiques. Ils en ont de la chance nos amis suisses,, sauf quand , par un jour chaud d'été l'horizon s'obscurcit et que des trombes d'eaux se déversent, dévalant les pentes en flots impétueux ou en coulées de boue. Mais cela vous n'y êtes, sinon pour rien , au moins pour plutôt moins que beaucoup d'autres.
Alors? La Confédération Helvétique ne connaît pas, malgré ses quatre langues, Allemand, Français, Italien, sans oublier cette curiosité, le Romanche), ses deux religions, et plus encore, les problèmes de la Belgique. Les Belges se plaignent de leurs cinq gouvernements, la Suisse en compte vingt-trois et autant de parlements, auxquels s'ajoutent les trois instances fédérales, le Conseil National, le Conseil des Etats et le Conseil Fédéral.
Il faut dire que la vie politique est d'une complexité qui laisse perplexe. Au moins en apparence. Car si l'on n'y regarde bien il y a beaucoup de logique dans l'organisation, surtout si l'on sait que la Suisse s'est formée au fil des temps par le rassemblement des petits peuples isolés dans leurs vallées. La commune est déjà une entité qui règle une partie des problèmes, et un Suisse est d'abord de Lausanne, de Savognin, de Martigny ou de Locarno... (Au fait, les habitants de Sion ne sont pas des sionistes, mais des sédunois). Ainsi, la nationalité helvétique s'obtient au niveau de la commune.
Puis vient le Canton avec sa capitale, sa constitution, son parlement, le grand Conseil, et son gouvernement , le conseil d'Etat (à ne pas confondre avec le conseil des Etats cité plus haut)...
Notre citoyen de Lausanne est donc un Vaudois du canton de Vaud , comme notre sédunois est un Valaisan, et l'habitant de Saint-Moritz est citoyen du canton des Grisons comme celui de Bellinzona est un Tessinois. Seconde appartenance, la troisième étant celle de citoyen Helvétique ou Suisse (le nom Suisse vient d'un des cantons fondateurs Schwyz) .
A la tête de la Confédération, le Conseil Fédéral exerce le pouvoir exécutif. Il est composé de 7 conseillers élus par le Parlement selon une formule magique, tenant compte de l'importance des partis politiques... L'un de ces conseillers devient pour un an Président de la Confédération...
Allez, je sens que vous devinez ma question, pas la peine de baisser les yeux , vous là-bas. Mais oui... Madame Micheline Calmy-Rey, une Genevoise est à la tête du pays voisin jusqu'au 31 décembre... Elle est socialiste et elle est arrivée à la présidence tranquillement et sans difficulté... Pauvre Ségolène.
Ce système fédéral est prévu pour éviter les remous, pour absorber les cahots, pour qu'aucune figure trop voyante n'émerge. Il prouve qu'un pays n'a pas besoin de chef, d'Empereur, de Duce ou de Leader Maximo, pour être heureux, mais au contraire d'un travail commun et de l'union de tous.
Il faut dire que les choses là bas se déroulent presque mécaniquement, les trains sont à l'heure et les montres indiquent la seconde précise.. Presque.
Est ce à dire qu'au pays transalpin tout baigne et qu'on ne connait aucun problème? Certains le disent mais tout n'est pas si simple... D'abord la rivière Sarine, qui coule vers Fribourg marque la limite entre deux langues, le français et l'allemand, deux cultures, deux mentalités , deux conceptions sociales. C'est là que se trouve « le fossé des rösti » qui sépare la Suisse allémanique de la Suisse romande...On ne peut pas dire qu'entre les uns et les autres la concorde soit totale,. Il y a tellement de reproches à se faire.
Néanmoins , dans l'immédiat et pour longtemps encore espérons le, le drapeau carré à croix blanche (le seul drapeau carré au monde) soude l'ensemble.
L'autre problème est l'émergence de l'UDC... (Union Démocratique du Centre). Sous ce joli vocable se cache un de ces partis néo-fascistes, populistes d'extrême droite comme il en fleurit un peu partout. A sa tête, Christoph Blocher, conseiller fédéral ministre de la justice et de la police. Un type à la vulgarité affirmée, (ça vous rappellera quelque chose). Il semble qu'être vulgaire c'est parler peuple. La méthode? Ici comme ailleurs tutoyer les barrières, les limites, les conventions et les franchir dès qu'on en a l'occasion. Vous avez dit décomplexé? Désigner des boucs émissaires, les immigrés , les autres, le voisin. Exciter les haines et l'individualisme. Se victimiser à la moindre occasion. Surfer sur les frayeurs. Utiliser démagogie et provocation, xénophobie et racisme.
Tout cela fonctionne on le sait auprès des plus démunis, des plus vieux, des ruraux. On l'a vu ailleurs ce n'est pas nouveau.
Profitant en partie de la médiocrité des partis traditionnels, Blocher est arrivé à obtenir, par ses résultats électoraux un second poste au Conseil Fédéral.. D'ici peu il y a un risque pour qu'il parvienne à présider la Confédération, même si le titre est surtout honorifique. (Même Pascal Couchepin, le Fillon suisse, le Conseiller Fédéral le plus impopulaire selon les sondages l'a déja présidée et on n'y a rien vu, mais un facho c'est plus génant.)
Le risque le plus grand est que le recours systématique à la haine au rejet de l'autre, à l'absence de solidarité n'en vienne à terme à détruire l'unité de ce pays exemplaire qu'est la Suisse.
Aujourd'hui, tandis que j'écris ces lignes, la Suisse vote après une campagne d'une dureté exceptionnelle...
Nos amis suisses devraient se rappeler que rien n'est jamais acquis, que l'union de peuples aussi divers est fragile, et que pour vivre heureux, on n'est pas obligé de suivre l'exemple de ses grands voisins.(si vous voyez ce que je veux dire.)
Et « Jauni de Gstaad le Bernois » Il vote pour qui?

1 commentaire:
Je ne la trouve pas si belle que cela la cette région, ce pays ? Qui souhaite vivement mettre à la porte tous les émigrés, ce Mr Blocher sait la jouer fine mais pour moi une fois les élections passées la Suisse ne sera plus ce pays de verdure, de neige et de calme ! Juste des banques des montres et de l'ordre tout bien propre quelle tristesse !
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