En ce temps là régnait sur la pays le roi Jupiter le Manu. C’était un homme jeune , assez bien fait de sa personne, sûr de lui jusqu’à l’arrogance , n’écoutant aucun conseiller bien qu’il en nommât des régiments , aucun conseiller , hormis la reine douairière et quelques hommes de l ‘ombre qui l’avaient soutenu, appuyé, poussé, tiré et financé, afin qu’il s’installât sur le trône ou siégeait avant lui Hollandais le mou , de la lignée des rois fainéants… Prendre la place n’avait pas été compliqué , l’occuper non plus, quoique le pays s’en trouva rapidement affaibli , ruiné et sans ressources , au point de se trouver démuni de masques, de médicaments, d’onguents, de sirops , d’élixirs, de potions et de vaccins, de lits dans les hôpitaux, d’infirmières et de médecins lorsqu’une épidémie survint et fit plus de cent mille morts. Mais là n’est pas notre propos.
Jupiter dormait peu. Ses nuits étaient courtes et agitées. Parfois il passait son court temps de sommeil à réfléchir à la manière d’inverser le ruissellement, de faire remonter le flux d’argent des pauvres vers les riches.C’était une tâche que lui avaient confiée ses conseillers occultes et dont il s’acquittait à merveille. Le principal moyen était de supprimer tous les services publics rendus aux citoyens pour les confier à des sociétés privées qui en tireraient profit . Une autre méthode , encore plus simple consistait à supprimer les impôts des nantis et à rançonner la plèbe . Les malheureux n’y voyaient que du bleu car en apparence on augmentait leurs salaires mais en contrepartie on rendait payant ce qui ne l’était point auparavant.
Cependant tous ces soucis de gouvernement n’étaient pas la seule occupation des nuits du souverain.Il en passait aussi une partie à rêver éveillé . Il se disait que ce pays était assez petit , trop petit pour lui. Il se sentait à l’étroit entre ses frontières mesquines qui l’empêchaient de commander aux autres peuples . Ses rêves étaient de grandeur , d’autorité, de domination, de suprématie…
Une nuit il émergea en sueur de son rêve et appela la douairière … La douairirère s’assit sur le bord du lit et prit dans sa main la main de Jupiter. « Ma mie, je veux gouverner le monde ! - Cela ne se peut », répondit la douairièr en se reculant pour éviter les soubresauts et coups de pied qui ne manquaient pas de se produire dès que l’on contrariait son protégé. « Pourquoi cela ne se pourrait-il ? Ne suis je pas Jupiter ? - Certes répondit la reine , mais le monde est peuplé d’Américains , de Chinois , de Russes, d’Indiens … Cela fait trop d’obstacles pour que le modeste roi d’un modeste pays puisse tous les franchir et dominer le monde ... »
Jupiter s’endormit en grognant et en suçant son pouce.
Le lendemain, la douairière le vit feuilleter des livres d’Histoire . Et dans la nuit , elle fut à nouveau réveillée : « Reine, reine, je veux devenir le maître du continent - Mais mon pauvre dit la douairière, le centinent s’étend des territoires glacés du Nord , jusqu’aux eaux bleues de la mare nostrum au Sud , et d’Est en Ouest des confins de la grande forêt jusqu’ aux champs de choux fleurs pollués de pesticides et de lisiers qui bordent l’Océan - D’autres l’ont fait , je veux faire comme eux … Allez dors, dit la reine en le bordant , on en reparlera demain... »
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