Je vais vous raconter une histoire
totalement invraisemblable, tellement invraisemblable qu'elle en est
ridilète et incongrule.
Cela se passe chez les shadoks. Les
plus vieux se souviendront. Les shadoks sont ces petits êtres-oiseaux
en fil de fer qui, dans le temps, venaient, le soir pomper sur les
télés en noir et blanc, juste avant Zitrone ( ou après, je ne me
souviens plus ce qui est bien la preuve que moi aussi j'ai la mémoire
qui flanche). C'est dire !
C'est donc un conte à dormir debout
qui n'a lieu à aucune époque et en aucun endroit.
Simplement en ce temps là, les shadoks
tout en pompant s'étaient dotés d'un roi socialiste , oui oui !
Un shadok assez pompeux, avec un bec en cul de poule, investi de sa
mission, qu ils avaient appelé Rittemand ou un truc comme ça.
Et ce président était tombé en admiration devant un gros shadok
vulgaire à grande bouche et à fort bagout qui se vantait de pomper
plus fort et plus intelligemment que tout le monde.
Sauf que les pauvres shadoks pompaient
du matin au soir pour rien, tandis que le shadok à large bouche
pompait du fric.
Son principe était simple : il
poussait les shadoks hors de leur planète et quand ils étaient
tombés dans le trou, il récupérait leur pompe pour rien et la
revendait aux gibis au prix de la ferraille.
Il devint ainsi
immensément riche, plaça ses shadokis , qui étaient les sous
shadoks au Lichtintin, un paradis fiscal dont le nom lui plaisait, et
se fit construire un énorme bateau. Une dépense inutile me direz
vous puisqu'il n'y avait pas de mer et encore moins d'océan sur la
planète shadok.
C'était certes inutile, encore qu'il vaut mieux un
bateau sans mer qu'une mer sans bateau pour la traverser, mais tout
ceci faisait l'admiration de beaucoup, à commencer par celle du
Rittemand, ébloui par tant de savoir faire, de roublardise et de
magnificence. A force d'être ébloui par son sujet shadok à large
bouche, le Rittemand en fit son ministre.
Mais voilà, le shadok à grande bouche
qui se pensait malin ne se contenta pas de sa fortune. Une idée de
gibi lui germa dans le crâne. Pourquoi ne pas acheter l'usine à
pompes ? Ce serait tout bénéf, pensa-t-il ! Il récupérait
la ferraille, le retapait un peu et la revendait à l'état de neuf.
Oui mais l'usine à pompes coûtait
cher, et bien que les shadoks ne sachent compter que jusqu'à quatre,
il voyait bien que quatre, ça ne le ferait pas, ni quatre paquets de
quatre et pas non plus quatre paquets de quatre paquets de quatre et
ainsi de suite, on pourrait continuer longtemps.
Heureusement, les
gibis qui savaient compter, avaient une grande banque nationale. Le
shadok s'y rendit, mais arrivé dans le hall, face à tous ces employés qui s'agitaient, le chapeau melon vissé sur le crâne, il
perdit un peu contenance et se réfugia dans un coin. Les gibis le
regardèrent d'abord avec surprise, puis avec amusement, et le
voyant blotti dans son coin, ils finirent par l'appeler « le
tapi ».
Au bout d'un moment un sous-chef gibi vint quand même
lui demander ce qu'il voulait . Il fallut un traducteur car avec les
trois mots que connaissaient les shadoks, il était bien difficile de
comprendre qu'il désirait un prêt pour acheter l'usine à pompes.
Mais à la surprise générale, en fin de compte une somme énorme,
hors de portée de la compréhension des shadoks fut accordée et le
shadok à grande bouche put acheter l'usine.
Pendant un temps tout se passa bien.
Les shadoks pédalaient, les pompes pompaient du vide, l'usine
repeignait les vieilles pompes et les revendait au prix du neuf.
Mais chacun pensait tromper l'autre.
Le tapi, comme l'avaient surnommé les
gibis, n'avait aucune intention de rendre l'argent emprunté.
D'ailleurs il ne savait pas ce que signifiait « emprunté ».
Les gibis eux avaient calculé leur coup et glissé dans le contrat
une clause qui disait qu'en cas de retard de paiement, ils pouvaient
s'emparer de l'usine à pompes. Ce qui fut fait.
L'histoire pourrait s'arrêter là,
elle est assez ridicue et saugrenule comme cela . Sauf que le tapi se
trouva ruiné, et finalement envoyé au goulp (qui, est l'enfer
shadok comme chacun le sait, même moi puisque je viens de le
trouver dans Wikipédia).
A son retour du goulp, il dut faire
le bouffon pour amuser les shadoks qui pompaient.
Un jour, les shadoks se dotèrent d'un
nouveau roi, un petit agité qui s'escrimait dans tous les sens. Le
shadok tapi alla trouver ce nouveau chef pour se plaindre d'avoir été
lésé dans les combines qui l'avaient ruiné.
Le chef-shadok l'écouta et on ne
sait ce qu'ils se dirent, un grand mystère a été gardé là-
dessus, mais des juges furent désignés avec ordre impérieux de
dédommager le tapi de lui rendre sa fortune inestimable de quatre
paquets de quatre paquets de quatre paquets de quatre paquets.... (je
mets des points de suspension pour résumer parce que je pourrais
écrire des pages et des pages de quatre paquets) , de billets de
quatre shadokis, ce à quoi le juges bienveillants ajoutérent encore
pour faire bon poids une montagne de billets de quatre shadokis , et
ce n'était pas fini : en guise de compensation au préjudice
moral que les shadoks connaissent sous le nom de « meumeu »,
on couronna le tout d'une autre montagne de billets.
Après quoi le tapi se fit faire un
nouveau bateau, et les shadoks furent incités à pomper plus vite et
plus fort car le pays était ruiné.
Comme ils ne pompaient que du vide, il
était difficile de combler le gouffre du déficit. Le petit chef
shadok énervé prit donc des mesures pour que le pompage devienne
compétitif.
D'abord on supprima la pause
casse-croûte du matin.
Ce ne fut pas suffisant.
Ensuite ils durent pomper le dimanche
au lieu de se reposer, puis il fallut aussi pomper la nuit.
Comme
beaucoup épuisés par tous ces efforts tombaient dans le vide, ils
étaient moins nombreux à pomper, et le résultat qui était au
début, selon les agences, classé en « nul++ » passa à
« plus que nul +++ »
Le chef shadok et celui qui lui succéda
en vinrent alors à supprimer les retraites, c'est à dire le temps
où les shadoks ne pompaient plus parce qu'ils étaient trop vieux et
que leurs vieux muscles fripés n'arrivaient plus à mettre en branle
le mécanisme de la pompe.
Tout cela n'a eu aucun effet bien
entendu puisque les shadoks continuent à pomper du vide. La dette
n'est pas remboursée et ils ne sont pas près d'en voir la fin.
Leurs chefs ne voient plus qu'une solution, leur supprimer l'enfance
pour qu'ils soient obligés de pomper sur de petites pompes
appropriées dès la sortie de l'oeuf.
Bien entendu le chefs shadoks, leur
famille, leurs amis, et leurs animaux domestiques sont dispensés de pompage.
Et il y a des plaisantins qui
voudraient qu'on rejuge le shadok tapi pour lui reprendre ce qui lui
a été donné !!!
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