D'abord quelques conseils (non
gouvernementaux) aux voyageurs qui se rendent en Croatie par leurs
propres moyens, c'est à dire au volant de leur automobile.
1 – Ne partez jamais le 25 Mai 2013
si vous ne voulez pas trouver de neige sur votre route... (Conseil un
peu tardif je l'avoue)
2 – Ne soyez pas stupides, faites le
plein AVANT le tunnel du Fréjus (si vous empruntez le tunnel du
Fréjus mais je suppose que ce conseil est valable pour n'importe
quel autre tunnel ou excavation). Vous pouvez trouver que côté
français le carburant est trop cher , mais quand vous serez côté
italien avec un réservoir vide vous serez certainement tenté de
revenir en arrière.
Hélas, les quarante et quelques Euros de
passage pour à peine quinze kilomètres vous en dissuaderont si vous
n'êtes pas tout à fait fou. Et puis vous aurez le plaisir de voir
une immense surprise se dessiner sur le visage de la charmante
caissière de la station service de Oulx dont vous serez le premier
client étranger de l'année.
Malheureusement on ne vous remettra pas
de diplôme commémoratif pour saluer votre exploit, ou pour vous
remercier de votre contribution au redressement hypothétique de
l'Italie.
3 – Un certain nombre de radars plus
loin vous atteindrez la frontière slovène dans les parages de
Trieste . Vous pourrez vous arrêter dans le premier patelin remplir
votre réservoir dont la contenance aura dû vous permettre d'arriver
jusqu'ici (sinon poussez). Le prix de l'essence ne vous y paraitra
normal que parce qu'il est à peu près le même que chez nous.
4 – Ne paniquez pas une fois embarqué
sans vous en être rendu compte, sur l'autoroute croate payante parce
que vous n'avez pas de kunas (la monnaie du pays). Vous n'êtes pas
condamnés à tourner jusqu'à la fin des temps sur le réseau
autoroutier. A la sortie, le compteur aura l'amabilité de vous
laisser le choix entre kunas et euros.
Ces quelques conseils pratiques
ingurgités, filez vers Pula, à travers l'Istrie .
Pour les ignorants, l'Istrie est cette
province triangulaire qui pend dans le haut au coin est de la botte
italienne.
Et Pula est la ville en bas à la pointe, sur
l'Adriatique.
L'Istrie est une charmante région méditerranéenne
et bosselée si vous passez par le centre, pleine de petites criques
et de jolis villages si vous longez la côte.
Il n'y a pas que Pula à voir, le
guides vous le diront . Porec, Rovinj, Labin et d'autres villes et
villages sont aussi à explorer.
Pula est la capitale de la province.
C'est une ville moyenne, animée, tout le contraire d'une ville musée
malgré ses richesses archéologiques.
La ville comme d'ailleurs l'ensemble de
la province a une histoire compliquée. Son occupation date du
néolithique, ses premières fortifications du Ve Siècle avant JC . Elle fut occupée par les Romains en 177 avant JC, puis devenue riche colonie
romaine, base militaire, comptoir d'échanges, riche en très beaux
monuments...
A la chute de l'Empire romain elle
passa aux Ostrogoths, puis aux Byzantins, avant « d'accepter »
la protection de Venise.
Plus tard elle fut pillée et en partie
détruite par les Génois pas gênés.
C'est la décadence et la ruine
jusqu'à ce que les Habsbourg reprennent les choses en main et
qu'elle devienne le premier port militaire de l'Empire
austro-hongrois .
En 1918 elle passa sous le contrôle
de l'Italie puis en 1947 , elle fut rajoutée d'office à la Croatie
et intégrée à la fédération yougoslave de Tito. Elle y
retrouva une industrie, et surtout un développement du tourisme à
partir des années 70.
Il suffit de se promener dans la ville
pour découvrir des signes de cette histoire chargée .
On se promène dans les vieilles rue en
faisant des découvertes presque à chaque pas, des façades, de
vieilles demeures, des portes antiques, des églises, un temple
romain, une magnifique fresque qui évoque une scène de la mythologie
, des ruelles qui partent à l'assaut de la colline surmontée d'un
palais vénitien , et l'on en revient toujours là d'où on est parti
c'est à dire au pied de l'impressionnant autant que sublime
amphithéatre romain construit par Auguste.
La lumière joue avec les
arches et la teinte dorée de la pierre. C'est grandiose. Et qui plus
est on peut descendre au sous-sol, là où se préparaient les
gladiateurs et qui abrite une exposition sur l'oléiculture dans les
temps anciens.
Et là, à cet endroit même où « ceux qui
allaient mourir » entendaient déjà le rugissement des fauves
qu'on allait lâcher sur eux, on se prend à imaginer ce moment là:
les vingt-quatre mille spectateurs massés sur les gradins,
l'empereur Vespasien dans sa loge, une main distraitement posée sur
la cuisse de sa maîtresse Celida, native de Pula. (Est-ce là
l'origine du mot poule?) - Je sais.... Je n'ai jamais prétendu être
un historien sérieux.
Il devait bien y avoir dans le public
quelques animalistes qui jouissaient rien qu'à l'idée de voir
l 'animal déchiqueter le malheureux condamné. Les jeux du
cirque à Pula subsistèrent jusqu'en 681 après JC.
Je dois avouer que lorsqu'on vient de
Limoges , autrefois Augustoritum, et comme Pula, grande cité de
l'Empire romain, on peut être heurté, dans la capitale de l'Istrie
par cette profusion de vieux monuments qui ne servent à rien. Ces
gens là n'ont jamais su faire place nette. Avons nous besoin
aujourd'hui d'un cirque, de portes, d'arcs, de mosaïques, et
pourquoi pas d'un forum ?
Ils n'avaient pas là bas de parkings
souterrains à construire pour les confier à quelque multinationale
spécialisée ? N'était il pas possible d'enterrer ces reliques
pour édifier par dessus quelque magasin de frusque chinoises ?
Justement Pula manque de parkings à
cause de l'affluence de visiteurs. On imagine combien de voitures
pourrait contenir l'emplacement de l'amphithéâtre convenablement
nivelé !
That is the question : vaut il
mieux des visiteurs sans parkings ou des parkings sans visiteurs ?
Le monde ne sera jamais parfait.
Et pour récompenser ceux qui ont
suivi ce blabla jusqu'au bout (s'il y en a) , je vais me fendre d'une
bonne adresse à Pula. Un petit hôtel confortable et très bien
placé, rénové de frais dans un design sobre et moderne, à
cinquante mètres de l'arène, avec un parking, certes payant mais
pour dix euros par jour vous ne trouverez pas mieux dans la ville ,
et un restaurant sympathique et soigné qui est paraît il l'un des
meilleurs de la région : Hotel Amfiteatar – Amfiteatarska 6.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire