A 6h55, j'ai allumé ma radio sur 87,8
pour écouter les informations en mangeant ma tartine de margarine
anti-cholestérol allégée à 58 % de matière grasse.
Avouez que toutes ces précisions vous
vous en fichez, hein. Pourtant si je ne vous les donnais pas, peut
être que vous ne me croiriez pas, que ça ne ferait pas sérieux.
Le chiffrage donne à mes propos un aspect scientifique qui les rend
beaucoup plus crédibles.
D'ailleurs au bulletin d'infos, ils ne
s'y trompent pas, c'est une avalanche de nombres qui nous tombe
dessus. Quantités, statistiques, pourcentages, classements, sommes,
nombres sous toutes leurs formes. Jamais on ne nous a autant menti
et plus on nous ment et plus on estime nécessaire d'habiller les
mensonges ou les approximations d'une enveloppe mathématique pseudo
scientifique pour époustoufler les nigauds que nous sommes..
A la radio on comprend déjà, à
l'articulation du journaliste, à la façon dont il détache les
syllabes combien le chiffre qu'il donne lui emplit la bouche. Mais
c'est à la télé que cela produit tout son effet. Le type commence
à arrondir la bouche en cul de poule , à gonfler les joues, à
plisser le front jusqu'à ce que ses sourcils atteignent la base de
sa chevelure, avant de nous pondre le nombre qui doit faire tilt...
Combien de manifestants ? Déja
personne ne sait les compter. Nous venons d'en avoir un très bel
exemple avec les deux manifestations qui viennent de se dérouler
pour ou contre le mariage pour tous. Le comble a été atteint par le
Figaro, qui, pour la manif des culs-bénits-pleins-de-haine a fourni
le nombre donné par eux-mêmes, un million de participants, et pour
la manifestation en faveur de l'égalité des droits au mariage, a
choisi de titrer avec le nombre fourni par la police : cent
vingt mille. Quelle information ! Mais les chiffres sont des
chiffres...
On sait ce qu'il en est des sondages.
Enfin quand je dis « on sait », je m'avance. On ne
connait pas tout des panels biaisés, des choix douteux , des
trafficotages qui permettent d'afficher en bout de compte des
proportions qui semblent à peu près tenir debout.
Il y a deux
sortes de sondages. Ceux qui ne seront jamais vérifiés :
« cinquante et un pour cent des français sont contre les
éclipses de lune ». On peut même ajouter des décimales pour
faire plus précis. Qui pourrait dire le contraire. ? Voilà
bien une vérité chiffrée nette et précise.
Et puis il y a les sondages qui un jour
sont confrontés à la réalité. Et là c'est une autre affaire. Il
n'en reste pas moins que chaque jour on nous assène des résultats
que nous sommes invités à gober sans protester.
Les mêmes qui font la preuve de leur
nullité en la matière dès qu'il y a possibilité de vérifier
leurs prévisions, viendront quand même nous expliquer d'un air
docte, à nous le peuple ignare, pourquoi les choses se passent ainsi
et pas autrement, y compris pas comme ils l'avaient prévu.
La culture non plus n'est pas à l'abri
du nombre. Il est impossible aujourd'hui d'estimer la valeur d'une
œuvre si on ne se réfère pas, s'agissant d'un spectacle ou d'un
film au nombre d'entrées, d'un bouquin au nombre de lecteurs, d'un
tableau à sa valeur sonnante et trébuchante sur le marché. Comme
si tous les chefs d'oeuvre dans le cours de l'histoire n'avaient été
que les œuvres qui ont rapporté le plus de pognon.
D'ailleurs je
ne vais jamais voir un film qui n'a pas fait dix millions d'entrées,
je ne lis jamais un roman qui n'a pas intéressé un million de
lecteurs, et pour que je regarde un tableau il faut que le peintre
ait été millionnaire et qu'on s'écrase les pieds dans les
expositions. Le chef d'oeuvre désormais est à ce prix. Pauvre Van
Gogh !
Une frénésie de classification s'est
emparée de la société, ou au moins des médias. Lycées, collèges,
hopitaux, universités tout y passe. Iriez vous vous faire enlever
un cor au pied dans une clinique classée 158eme pour la chirurgie de
l'ongle incarné ?
L'important est d'être en haut de la liste
dans les classements qui, au même moment , comme le retour des
feuilles mortes, font les couvertures des hebdos. Sans que l'on sache
d'ailleurs exactement quels en sont les critères, ni les artefacts
qui s'y glissent , ni les effets pervers qu'ils entraînent en
augmentant le revenu des plus riches, donc les premiers et en
appauvrissant encore plus les autres.
Classifications encore, la fameuse
liste de Shangaï, dont on nous explique qu'elle fait la pluie et le
beau temps en ce qui concerne l'Université. Je rappelle que Sarkozy
l'incompétent, pour obtenir trois paillettes dans ce firmament
frelaté était prêt à liquider l'avenir de centaines de milliers
d'étudiants lambda. C'était bien la finalité des pôles
d'excellence que les imbéciles Chatel et Pécresse avaient mis en
place, et que la fausse-gauche a bien entendu maintenus.
Or ce
classement de Shangaï, qu'a-t-il d'officiel ? Quels sont ses
critères ? La seule chose dont on est certain c'est qu'il
privilégie outrageusement le système anglo-saxon, en particulier
américain. Avec d'autres critères on peut établir d'autres
classements qui n'ont ni plus ni moins de valeur que celui ci.
L'Ecole des Mines l'a fait en 2008 et a obtenu un classement où les
grandes écoles scientifiques françaises se taillent la part du
lion ! De même le classement dit de Vincennes qui introduit des
paramètres sociaux et environnementaux donne comme trio de tête,
l'Université de Paris VIII (Vincennes Saint-Denis), l'Université de
Californie à Los-Angeles, l'Université du Québec à Montréal.
C'est dire combien on fait dire ce
qu'on veut aux classements. Quel crétinisme de vouloir consacrer
tous les revenus de l'enseignement supérieur à quelques pôles de
prestige au détriment de la valeur de l'ensemble, uniquement dans
le but de figurer! Petite France riquiqui !
Pour finir un mot de toutes les
statistiques faussées dont on nous abreuve mensuellement. Chômage,
statistiques de police, consommation des ménages, inflation, etc...
A celles ci personne ne croit plus tant nous savons qu'elles sont
trafiquées, triturées , améliorées au mieux de l'intérêt du
pouvoir en place...
Finalement , à force de nous faire
péter aux visages leurs chiffres menteurs , les médias , non
seulement n'améliorent pas la confiance que le public leur témoigne,
mais ils finiront par nous faire vomir les maths!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire