« Il faut oser le dire, Sarkozy a été bien sur France 2 » Voila le titre d'un article que je viens de lire sur le site d'un hebdomadaire connu pour être plutot antisarkozyste. C'est d'ailleurs un paradoxe de certains , plus ou moins à gauche, qui sont fascinés par leurs adversaires et toujours prêts, sous le prétexte de prévenir leurs petits camarades à botter contre leur camp.
Il eût été plus sûr de dire : « Il faut oser le dire, Sarkozy a bien été sur France2 ». A cela je n'aurais rien trouvé à redire. Pas plus à : « Il faut oser le dire, Fabius n'a pas été bien sur France2 », ce qu'hélas pas mal ont pu constater.
Mais Sarkozy a été bien.... Franchement.
J'ai bien compris en lisant l'article en question qu'il s'agit de communication, puisqu'on nous dit que c'est « un communicant exceptionnel ». Mais cela invite à une petite réflexion sur ce qu'on peut appeler « être bien ». Cela pose aussi la question des limites de la communication.
D'abord, qu'est ce qu'être bien ? Si être bien , c'est étaler sa vie privée pendant une heure, alors il a été bien... Si être bien, c'est manier la tchatche et le baratin comme un camelot le jour de la Saint-Loup (manifestation locale) , si c'est être hâbleur et menteur, si c'est aligner sans honte des rafales de contre vérités, et des colonnes de chiffres complètement faux, alors il a été bien.
Si c'est se présenter en parangon de vertus qu'il n'a jamais montrées, il a encore été bien.
Si c'est multiplier les coups coups bas, tenter des croche pieds sournois, s'en prendre à la personne faute d'arguments politiques, parfois à la limite de la calomnie, alors là, oui il a été vraiment très bien. Par exemple lorsqu'il accusa Fabius d'avoir soutenu DSK, et oubliant du coup que c'est lui qui l'avait proposé pour le FMI. Si être bien c'est être capable de tout pour s'en sortir, alors il a été bien.
Maintenant si être bien au bout de cinq ans de présidence , c'est être capable de présenter un bilan convenable, ça se discute. Est ce bien d'avoir laissé le pays se désindustrialiser à force de complaisance avec les grands industriels et de le rendre avec un million de chômeurs de plus ? Est ce bien d'avoir gonflé la dette de 5 ou 600 milliards d'Euros ? Est ce bien de n'avoir entrepris que des réformes destructrices des services publics, du tissu social ? Est ce bien de n'avoir eu pour seule idée que de copier le pire sur le voisin ? Rappelons qu'au début nous avons admiré la Grande Bretagne dont il fallait reproduire la façon de vivre et les outrances libérales ? Puis l'Espagne ce pays de propriétaires dont il nous fallait singer la politique immobilière au pris de l'endettement hypothécaire des acquéreurs, au moment même où la crise des subprimes flambait déjà. Et maintenant l'Allemagne.
Est ce bien de ne voir en chaque citoyen qu'un tricheur potentiel, un voleur qu'il convient de pister, de surveiller, de filmer, de coincer, d' étiqueter, de ficher ? Est ce bien de laisser à l'abandon l'enseignement et l'éducation de la jeunesse ?
Est -ce bien de désigner constamment des coupables pour cliver comme il dit, les Roms, les musulmans, les immigrés, les pauvres, les chômeurs, les malades ?
Si être bien c'est présenter un programme pour les cinq ans qui viennent l'idée d'une action, la volonté d'améliorer la vie des citoyens, d'établir une plus grande justice, de réduire les inégalités que l'on a creusées depuis cinq ans, alors ce n'est pas gagné.
Suffit il pour être bien d'exhiber sa vie privée, de se présenter de façon incroyablement ridicule comme une personne « modeste », comme un candidat « anti-système », comme le « Président du peuple » ? Qui pourrait gober une seconde de telles grossièretés, venant de celui qui a prôné une politique de droite « décomplexée », qui s'est affiché sans cesse comme le Président des riches ?
Alors bien...
Braves gens, si vous trouvez que Sarkozy est bien, si vous pensez qu'une fois réélu il va effacer par magie toutes les saloperies de son premier quinquennat , alors votez pour lui, et attendez la suite. Vous ne serez pas déçus. (Enfin ça dépend de quel point de vue vous vous placez).
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