Salut amis socialistes... Ca va bien à droite ?
Dites, je voulais vous poser une question. Est il exact que vos députés européens ont voté comme un seul homme la loi qui ouvre en grand la porte européenne aux « hedge funds », ces fonds pourris , dérèglementés et toxiques qui ruinent les pays sur lesquels il s'abattent en les pressant comme des citrons murs ?
Je ne le crois pas. Je suis certain que mon petit doigt m'a menti. Vous êtes de gauche, non ?
J'ai un petit doigt qui me raconte beaucoup de bobards en fait. Il m'a dit aussi, ce qui est certainement pur mensonge, qu'à l'exception du seul Henri Emmanuelli qui a voté pour, et de quelques abstentionnistes, vous avez rejeté, avec vos amis de droite, une loi proposée par la gauche (la vraie) qui demandait simplement à ce que le budget de la France soit voté d'abord en France avant d'être soumis à une autorité européenne indéfinie, indépendante, surtout de nos suffrages, mais qui pourrait à loisir nous mettre au pain sec et à l'eau. C'est vrai que cette loi révolutionnaire pouvait vous effrayer.
C'est d'ailleurs l'un de vos hommes importants, futur ex possible, probable, incertain, candidat (ou pas), qui a défini dans un discours qu'il a prononcé récemment à Francfort, mais auquel , on ne sait pourquoi, vous n'avez pas donné toute la publicité souhaitable, ce qui était son idée d'une gouvernance économique européenne, « indépendante » et à l'abri de cette ânerie de suffrage universel. « La solution la plus ambitieuse serait de créer une autorité budgétaire centralisée, dotée d'une indépendance politique comparable à celle de la BCE. Cette autorité établirait le cadre budgétaire de chaque Etat et allouerait les ressources depuis un budget central pour atteindre au mieux la double cible de la stabilité et de la croissance. » Il parlait à des amis banquiers allemands et vous n'étiez pas obligés de tendre l'oreille, bande de curieux. Son discours était un catalogue d'aussi bonnes idées, concernant la souplesse du marché du travail, ou la fainéantise des européens qui font : « le choix conscient de travailler moins ». Bon je n'y crois pas une seconde. Tais toi petit doigt.
Ce DSK est un homme de gauche, un vrai avec en gros sur son front l'étiquette socialiste. Alors ? Si ce qu'on raconte (on, ça ne serait pas par hasard l'affreux « démago-populiste » Mélenchon, un extrême révolutionnaire ?) si ce qu'on raconte était vrai, vous les socialistes, on vous aurait entendu crier jusqu'ici. J'en suis sur. Votre calme et votre sérénité me rassurent.
Au fait vous vous préparez pour 2012 ? Oh ce n'est pas difficile, une simple formalité. Plus personne ne veut de Sarko. La victoire est à portée, il suffit de la ramasser.
Bien entendu il faut déja désigner un candidat. Votre histoire de primaires est géniale pour cela.. Après les chicaïas, les bagarres, les ententes incertaines, les coups tordus, vos amis de l'UMP auront leur mot à dire sur le choix de votre candidat. C'est très oecuménique. Mais ça ne veut pas dire que les battus renonceront. Ca va être drôle. Il y a aussi ceux dont on ne sait pas s'ils ont envie, qui ne savent pas trop eux mêmes, qui veulent mais ne veulent pas, qui traînent la patte...
Il faut dire qu 'elle n'est pas belle, la France à ramasser après cinq ans de sarkozysme. Un pays ruiné, une dette abyssale, des services publics démantelés, un enseignement sinistré, un service de santé en ruines, une police en lambeaux, une justice en détresse, une météo imprévoyante, des malheureux plein les rues.
On murmure ici , mais ce n'est évidemment qu'une rumeur de plus, que l'un des vôtres et pas des moindres irait se félicitant que « le sale boulot soit fait ». C'est impossible. Invraisemblable qu'il y certains socialistes qui puissent penser cela.
Dès que vous allez être aux commandes, il est certain que vous allez vous défoncer pour remédier à ce désastre.. Pour refaire de notre pays un modèle de nation où il fait bon vivre, comme il n'y a pas si longtemps, au temps où on nous observait avec envie, quand nous n'en étions pas à prendre modèle sur nos amis anglais, sur nos amis américains ou sur nos amis allemands comme si nous n'étions plus capables d'exister par nous mêmes.... On vous fait confiance pour revenir sur toutes ces lois indécentes... Enfin, confiance est peut être un grand mot.
Je ma demande finalement si ça ne vous conviendrait pas mieux de rester tranquillement dans l'opposition.
Cela me rappelle le livre déjà vieux de Frédéric Bon et Michel-Antoine Burnier : »Que le meilleur perde ». A relire d'urgence.
La théorie des auteurs est la suivante : contrairement à ce que nous pouvons penser, tout le jeu du pouvoir ne se situe pas dans l'objectif de la victoire. Au contraire, il faut perdre. La situation de l'opposant est la plus confortable. L'opposant n'a rien à gérer, à part les revenus de son parti si celui ci est puissant. II n'a rien à perdre. Il peut passer son temps à dénoncer la malfaisance ou la stupidité du pouvoir en place.
Encore que sur ce dernier point il vaut mieux se retenir sinon on risque d'influencer les votes. Les socialistes l'ont bien compris, on ne les a jamais beaucoup entendus s'opposer au sarkozysme.
Sarkozy, par sa politique désastreuse, par notre appauvrissement généralisé, par l'effacement du pays, par sa générosité indécente à l'égard des riches, a fait tout ce qu'il fallait pour perdre. Il en a même rajouté des louches.
C'est compter sans votre technique bien au point à vous, les socialistes qui avez une longue expérience de la défaite. Cette fois encore vous pouvez vous en sortir. On voit bien déjà que vous préparez le combat perdant.
Sarkozy se croit malin, il calcule son coup, mais il risque d'avoir à faire à plus fort que lui.
Il y a aussi des limites à tout. Perdre c'est bien, prendre la branlée ça fait perdre des places et des revenus. C'est pourquoi il faut discréditer au maximum quelqu'un qui voudrait vous doubler sur la gauche.
« La Gauche », c'est votre fond de commerce , votre appellation officielle, gravée sur vos maillots. Une gauche bien ancrée à droite. Ne vous laissez pas faire, démolissez Mélenchon. Pas trop quand même, attention, car il servira d'alibi à votre défaite, comme Chevènement autrefois. Si le Front de Gauche fait moins de 5% parce que vous l'aurez trop diabolisé, vous aurez du mal à lui imputer votre défaite.
Tout cela n'est pas facile à gérer, je vous le concède.
On n'est jamais certain de perdre, surtout avec un aussi bon adversaire. Mais heureusement il y a encore quelques astuces de dernière minute. On peut toujours s'enfuir comme Delors en son temps. Ou clamer comme Jospin que son programme n'est pas socialiste, ou pas de gauche... Mais avant de recourir à ces expédients ultimes, laissez d'abord faire les primaires. Ca pourrait suffire.
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