Ce petit tour dans les Corbières et le Minervois, se situe durant les derniers jours de l'été, à l'époque des vendanges. Le prétexte en était la visite du Pays Cathare, et aussi quelques visites de caves au hasard de la route...
Attention , le terme « Pays Cathare » est une marque déposée par le département de l'Aude en 1991, marque commerciale qui ne recouvre pas la réalité de l'histoire et des lieux du Catharisme. Tout est cathare, les auberges, les chambres d'hôtes, les restaurants, le porc, l'agneau, la volaille, le boeuf , le lait , le miel, le pain, les boules avec de la neige qui tombe (là j'exagère...un peu, quoi que...). Même les sandwiches sont cathares.
Je suppose que les gros scarabées jaunes et verts qui font la vendange dans les Corbières sont cathares eux aussi. Il parait selon le Larousse des vins qu'ils se perfectionnent et qu'ils arrachent moins les feuilles et les sarments. N'empêche, moi j'aimerais mieux voir des troupeaux de joyeux vendangeurs animant les campagnes. Ca existe encore en quelques endroits. Entre deux vins pour ma part je privilégie toujours (entre autres) , la mention « vendanges manuelles ».
Et comme nous en sommes au vin, je ne vais pas vous faire un cours là dessus. Vous savez comme moi que dans l'Aude, et les Corbières en particulier, le pire fréquente souvent le meilleur, et qu'il vaut mieux connaître avant de se risquer. Faites plutôt confiance à votre caviste parce que lui, il a les bonnes adresses. Au milieu d'infâmes bibines il y a de très grands Corbières. Mais tout cela est très cathare.
Maintenant la route: elle part de Carcassonne, évidemment. La cité vue d'en bas c'est impressionnant... Vue d'en haut et quand on regarde les détails, c'est du Viollet-Leduc 1860... C'est un peu comme si on demandait à l'architecte de Disneyland de restaurer le château de Chalucet selon la conception qu'il a du Moyen-Age... Qu'importe, ça « fait » quelques millions de visiteurs par an qui se baladent dans les ruelles étroites boivent une bière ou s'attablent pour un cassoulet... (J'en ai mangé un chez Dame Carcas, ça allait.)
Après on se rend vers Lézignan-Corbières... Tiens au passage, une publicité gratuite pour « l'Auberge côté Jardin » à Conilhac -Corbières. L'hôtel est parfait, et le restaurant très sympathique Le chef, a , entre autres recettes,« revisité » l,e cassoulet et ça donne un résultat intéressant... En plus on est bien placé pour aller faire le tour des châteaux, abbayes et autres lieux historiques qui foisonnent dans la région.
Bien entendu il n'est pas possible de tout faire parce que si on veut s'attarder à chaque fois on en a pour un mois..
Quelques mots sur les Cathares, quand même.. ( vous trouverez facilement de la documentation .sérieuse sur le net). Je résume pour les fainéants.
En gros les cathares étaient des chrétiens qui en avaient marre des abus de l'Eglise (déjà!) et qui voulaient revenir à une religion plus proche des origines. Le mouvement se développa à partir du XIe siècle et envahit de nombreux pays du pourtour de la Méditerranée. Pour schématiser leur doctrine: le spirituel était l'oeuvre de Dieu et le matériel, le boulot de Satan. Le corps était donc satanique si l'âme était divine. Et il fallait en tirer les conséquences. Par exemple ne pas manger de viande. Donc pour le saucisson cathare, vous repasserez...Il ne fallait pas tuer les animaux non plus. Les défenseurs des bêtes étaient contents. Mais l'Inquisition qui n'avait pas en ce temps accès aux facturettes des téléphones portables, avait quand même ses astuces, du style : « Tiens ma brave femme, j'ai rien à croûter à midi, vous me tuerez bien une poule »... Seulement quand c'était du gruau de sarrazin qui arrivait sur la table, hop c'était la femme qui était cuite.
Les Cathares ne s'appelaient pas Cathares en ce temps là. Ils s'appelaiens « bons hommes » ou « bonnes femmes », et les gens de l'inquisition appelaient les prêtres cathares « parfaits » parce qu'ils avaient reçu le seul sacrement cathare le consolament.
Encore un détail. Comme le corps était impur, la reproduction était interdite, de même que les rapports sexuels, même avec un préservatif en peau de chèvre (d'ailleurs on ne tuait pas les chèvres non plus). Et il fallait surveiller la chasteté, donc ils allaient toujours par deux, du même sexe., l'un surveillant l'autre, les bougres. (Justement la bougrerie, homosexualité en langage d'inquisiteur, était ce dont on les accusait...)
Au début du XIIIe siècle l'hérésie s'était développée dans toute la région, non seulement parmi le peuple mais aussi chez les seigneurs. C'est pourquoi en 1208 le Pape Innocent III lança la croisade contre les Albigeois et leva une armée qui fut confiée à un soudard comme on en faisait en ce temps là, Simon de Monfort. Incendies, pillages, viols bûchers, l'expédition dura vingt ans. On ne lésinait pas sur les massacres. C'est en ce temps là qu'aurait été prononcée la fameuse phrase: « Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens ».
Comme on le sait, l'histoire se termina à Montségur, dont vous ne verrez pas de photo ici pour cause de brouillard... De toute façon le château n'existait pas à cette époque là,. Montségur était un village fortifié où s'étaient réfugiés les Cathares. Il fallut quatre sièges pour les déloger,et le dernier finit par un grand feu de joie où on fit cramer les deux cents qui n'avaient pas voulu abjurer.
Ce n'était pas encore terminé puisque le dernier Parfait, Guilhem Bélibaste, fut pris par l'inquisition en 1322 à Villerouge-Termenès et brûlé à son tour. Comme seuls les Parfaits pouvaient transmettre la religion, le Catharisme cessa.
Les rois de France n'y perdirent pas, puisque le puissant Comté de Toulouse, qui dominait la région et dont le Comte Raymond VI protégeait les hérétiques tomba dans leur escarcelle en étant annexé par la couronne de France en 1271.
La région aujourd'hui est parsemée de ces lieux qui rappellent l'histoire cathare. Puissantes abbayes dont les moines ont pourchassé les hérétiques ou ont eu parfois des rapports ambigüs avec l'hérésie, châteaux perchés au sommet de montagnes vertigineuses, comme Quéribus, impressionnante forteresse dominant la plaine du Roussillon ou Peyrepertuse dont la dentelle de ruines ne fait qu 'un avec les rochers de la montagne. J'ai photographié ces deux châteaux mais aussi celui de Villerouge-Termenès et le magnifique donjon d'Arques, et les abbayes de Fontfroide et de Lagrasse. Mirepoix est une charmante bastide médiévale.
Et puis il y a les paysages tourmentés, les vignes et les garrigues, et les petits villages aux toits de tuiles, ramassés autour de leur clocher...
On peut éviter Limoux et sa blanquette... Bof
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