Je suis mangas... mangaphile, mangavore, mangaphage...
Oui je sais ce n'est plus de mon âge, en plus les mangas me direz vous... Encore, ce serait Ugo Prat, Spirou,, pourquoi pas, ou alors Tintin, de 7 à 77 ans (plutôt dans la deuxième partie et même plus loin), on comprendrait.
Ah, à moins que ce ne fussent les Hentaï, ces mangas érotiques débordant de seins opulents.
Hé bien non même pas. Vous pouvez dire que je retombe en enfance ou tout ce que vous voudrez, mais un jour une copine m'a fait connaitre Tanagushi. Jiro Tanigushi.
J'ai d'abord lu « l'homme qui marche », puis « Le journal de mon père », et « Quartier lointain », et maintenant me voici enthousiasmé par « Les années douces ».
Tanigushi c'est le Ozu de la BD.
Pour ceux qui ne le connaitraient pas Ozu est un cineaste japonais, auteur entre autres de « Fin d'automne », « Dernier caprice » ou « Le goût du Saké ». Ces films les derniers qu'il ait tournés datent de la fin des années 50 ou du début des années 60 (Ozu est mort en 1963).
Les scenaris y sont d'une extrême simplicité, dénués de toute action spectaculaire et de tout effet technique.. En fait il ne raconte rien ou si peu de choses. Des petits moments de vie quotidienne dans un Japon en pleine mutation, où les conditions de vie se transforment mais où les traditions sont encore tenaces...
On le considère comme l'un des plus grands cinéastes japonais, « le plus japonais des cinéastes » disent les critiques japonais.
De la même façon chez Tanigushi, il ne se passe quasiment rien, et pourtant on voit défiler toute la vie... « L'homme qui marche », comme l'indique son titre, raconte les promenades d'un flâneur curieux de tout, dans une ville japonaise. Dans « les années douces », une relation ambigüe se noue entre un professeur à la retraite et une de ses anciennes élèves qui se retrouvent à intervalles irréguliers pour siroter ensemble un verre de saké.
Rien ne se passe entre ces deux personnages que trente ans séparent, rien, sauf des sentiments suggérés, des émotions, la naissance de besoins...
Qui plus est et pour ne rien gâcher, le trait est fin, le dessin précis, les sentiments naissent sur les visages, dans les regards, se développent, s'effacent...
En fait on est très loin ici des mangas bariolés aux traits épais. Tout est fait de finesse et de poésie.
Autre oeuvre bien différente et que j'ai découverte récemment, « Les Gouttes de Dieu » de Tadashi Agi (un frère et une soeur scénaristes) et Shu Okimoto (dessinatrice) sont une plongée dans le monde du vin, et traitent quasiment exclusivement des vins français. La série comprend quatorze volumes et je n'en suis qu'au troisième bien que je connaisse déjà la fin.
Je ne vous raconterai pas en détail le scénario. Il s'agit d'une compétition entre deux jeunes hommes qui doivent reconnaitre douze vins décrits par un oenologue décédé, et en découvrir un treizième surnommé par le Maitre, « Les Gouttes de Dieu » auquel il attribue la perfection absolue.
Le manga obtient un succès énorme au Japon et en Corée où il fait flamber le prix des vins qui y sont cités. Il est aussi un véritable cours d'oenologie (jamais lassant, je vous assure). On a plutôt tendance à le dévorer ou plutôt à l'engloutir à longues gorgées. La documentation est telle que lorsqu'on en arrive au dernier volume on doit a peu près avoir l'équivalence d'un master de sommelier!
L'histoire ne s'arrête pas là. Il y a quelques jours est paru le dernier tome dans lequel a été révélé le nom du vin le meilleur au monde. Et un beau matin, la famille Amoreau, propriétaire du Château Le Puy (appellation Bordeaux Côte des Francs), près de Saint Emilion a croulé sous un tsunami de commandes venues d'extrême orient. Très sagement le viticulteur a décidé de rapatrier toutes les bouteilles de son millésime 2003 encore en vente au prix de 19€ afin de couper court à toute spéculation. Le millésime sera vendu au compte-goutte aux clients habituels de la propriété...
Pour une fois qu'une histoire finit bien.
Mangas cités:
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« Les années douces », « L'homme qui marche », « Quartier lointain », « Le journal de mon père » de Jiro Taniguchi, Editions Casterman.
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« Les gouttes de Dieu » deTadashi Agi et Shu Okimoto – Editions Glénat.
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