Plus rien n'allait dans l'Empire.
Sa très petite Majesté décora de la plus haute médaille d'Empire un gentil bouffon qui avait , selon les propos du prince, « fait beaucoup d'entrées ». «Faire beaucoup d'entrées » forçait l'admiration du Prince. Tout le talent de l'artiste y résidait à ses yeux. Parmi les gens qu'il prenait plaisir à décorer, ceux qui « faisaient beaucoup d'entrées » jouissaient de sa considération, au contraire des savants, littéraires, philosophes qui faisaient le rayonnement de l'Empire dans le monde mais ne gagnaient pas assez pour attirer son regard, et ne s'attiraient que son mépris.
Il se trouva que ce bouffon portait dans la vie un nom qui amusait Sa Majesté et le fit pouffer. Il s'appelait Hamidou! L'Empereur prononça le nom en se contorsionnant plus que jamais, en grimaçant et en s'esclaffant. Il crut bien faire en ajoutant que lui s'appelait Sarkozy, signifiant par là que lui aussi venait d'ailleurs.
A son habitude, il avait menti, en oubliant le plus beau de son patronyme. Il s'appelait en effet Sarkozy de Nagy-Bocsa, en vertu de titres nobiliaires qui avaient été donnés à sa famille par le Roi d'Autriche-Hongrie quatre siècles auparavant.
Sans doute ne tenait-il pas à étaler face à son peuple cette appartenance à la noblesse. Deux siècles auparavant le dit peuple s'était battu pour défaire la noblesse de ses privilèges, pour acquérir des droits, et toute l'oeuvre du petit souverain consistait à rétablir les privilèges pour les uns et à anéantir les droits pour les autres.
Il était étrange que lui dissimulât sa noblesse, alors que Giscard, l'ancien président de ce qui n'était pas encore l'Empire, revendiquait haut et fort la sienne qui n'était que mensonge,et se faisait appeler Giscard d'Estaing en ayant acheté le nom d'un faux ancêtre.
Toute cette histoire ne fait que rappeler que l'homme est ce qu'il est et que la noblesse, réelle ou supposée n'a pas d'influence sur la bêtise, le mauvais goût ou l'absence de scrupules.
Sa Majesté, sans doute hanté par ce déficit d'identité, avait confié à son traitre favori, l'affreux Besson, la tâche de rassembler tous les éléments qui pouvaient caractériser les sujets de l'Empire. C'était une tâche compliquée car les uns mangeaient de la choucroute, les autres de la tête de veau, du couscous ou de la matelote. Les uns buvaient de la bière, les autres mettaient du vin rouge dans leur soupe pour faire chabrol.. Le traitre Besson avait pris son rôle à coeur et plutôt que de chercher ce qui rassemblait les gens il s'ingéniait à montrer ce qui les différenciait, désignant ainsi les uns à la vindicte des autres.
Ainsi pourrait on séparer le bon grain de l'ivraie, les bons sujets qui pensaient bien, se montraient reconnaissants envers l'Empire, ne troublaient point le sommeil du petit empereur, croyaient en ce que la laïcité positive décrite par le Saint Chanoine du Latran, le seul chanoine au monde divorcé deux fois, leur imposait de croire, et les autres, les vilains , les trublions , les étrangers aux croyances suspectes.
Dans le même temps il prit à Sa Majesté et à son fidèle porte-voix le Marquis de Chatel, ministre de l'ignorance, la lubie de détruire l'enseignement de l'Histoire. Les sujets avaient ils besoin de savoir que l'histoire de leur peuple avait été un long combat de leurs ancêtres pour acquérir leur dignité? Qu'ils étaient ainsi parvenus à force de combats sociaux, de luttes, de révoltes et de révolutions à une vie décente basée sur la solidarité du peuple, sur un fonctionnement démocratique, sur le respect des libertés individuelles et des droits de l'homme?
Ces connaissances là eussent été dangereuses, puisque Sa toute petite majesté à talonnettes s'ingéniait sous prétexte de soi disant « réformes » à supprimer, détruire, écrabouiller, dézinguer, écraser, bousiller, torpiller, piétiner, bazarder, occire, caraméliser, anéantir, tout ce que le peuple était parvenu à acquérir. Etait-il bon que les futurs bacheliers puissent savoir tout cela? En quoi cela servirait il les sans emplois que la politique impériale déversait dans les rues, sinon, peut-être à leur donner des idées de subversion?
L'essentiel était que l'on apprît au peuple que ses ancêtres étaient de petits hongrois hargneux, colériques et agités, et qu'à la longue, l'un d'entre eux, plus intelligent, plus entreprenant, plus excité que les autres, était devenu leur chef par la grâce du Dieu des catholiques, seul Dieu agréé par la laïcité positive. Ce Dieu tout puissant l'avait désigné comme Empereur et investi de tous les pouvoirs. Il avait fait de lui, malgré ses divorces, le Saint Chanoine du Latran, gardien de la laîcité. Ainsi il pouvait régner sur eux, et aprés lui son fils Jean, pour les siècles des siècles, et leur dire le bien et le mal, et réprimer leurs péchés par les peines incompressibles... Ainsi soit il.
Avaient ils besoin d'en savoir plus?
Ainsi allait l'Empire au temps de Nico Premier Sarkozy de Nagy-Bocsa.
De mal en pis...
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