En ce temps là Sa Majesté se rendit en des provinces éloignées pour tenter d'y séparer deux peuples qui s'entretuaient, l'un des deux étant d'ailleurs beaucoup plus entretué que l'autre. A intervalles réguliers, le plus faible, le plus misérable, le plus mal nourri, ne pouvait se retenir d'exciter l'autre en lui lançant des boulets par dessus la frontière, qui faisaient des trous dans le sol ou aux pignons des maisons. C'était comme un misérable roquet qui s'en prend à un molosse carnassier. Le molosse accourait aussitôt avec ses chars qui renversaient les maisons et détruisaient les cultures sur leur passage, avec ses terrifiants obus, avec ses machines volantes qui semaient la mort sur leur passage.
La haine entre les deux était si grande que chaque massacre infligé au plus faible, loin de l'atténuer ne pouvait préparer que de futurs drames.
L'Empereur n'y pouvait pas grand chose. Et lui, qui avait tantôt pris parti pour les puissants ne paraissait pas le mieux à même de ramener la paix dont personne ne semblait vouloir.
Pendant son absence il se fit tenir au courant des couches de la Marquise d'Ati ..
La sémillante Marquise passa rapidement en clinique pour y déposer le fruit de ses amours secrètes, une enfant née de père inconnu (dont certains prétendaient de plus en plus fort qu'il s'agissait d'un hidalgo chafouin, pilier de sacristie).
La chose fut vite réglée, et quelques heures plus tard la Marquise pimpante et juchée sur ses cothurnes à haut talons, reprenait place au banc du gouvernement , sous les acclamations de la cour..
Ainsi étaient les grandes dames, si différentes des parturientes du vulgaire, qui s 'alanguissent pendant des lunes avant de mettre bas, et ensuite tiennent à s'occuper elles-mêmes de leur nourrisson braillard, gourmeux et encagué.
Rien de tel chez les grands. Les femmes du commun pourraient y prendre bien des leçons. Quel besoin de tant de précautions, de repos,de minauderies autour d'une naissance, quel besoin surtout de ces congés improductifs et couteux dans une économie moderne, alors qu'il était prouvé que quelques heures suffisaient à l'événement.?
Cependant pour tous la vie n'était pas rose. Les trottoirs de la capitale se trouvaient de plus en plus encombrés de miséreux, rejetés par la crise. La Baronne Boutin, qui un temps avait proposé de les abriter de force en des asiles, décida de les compter pour en faire le recensement.
A ce sujet, le modeste chroniqueur que je suis peut il suggérer au gouvernement impérial de réglementer un peu ce laisser aller? Ne pourrait on pas leur attribuer des places fixes qu'on leur louerait à la journée? Ainsi un espace de trottoir sur un pont en plein vent serait il moins cher qu'à proximité d'un théâtre dans une avenue huppée, avec son éclairage et les bouffées de chaleur qui en arrivent lorsque les portes s'ouvrent?Les modestes sommes ainsi récupérées, ne pourraient elles servir pour compléter le pécule des pauvres dirigeants d'entreprises chassés par la faillite?
Car sa Majesté n'avait pas beaucoup de chance avec cette crise mondiale qui emportait tous les effets de ses brillantes réformes.. Et qu'importait que la politique qui faisait faillite, fût précisément celle qu'il avait choisie pour base des dites réformes?
L'Empereur, n'avait cela de différent avec son auguste prédécesseur, qu'il ne pouvait tenir la main dans son gilet tant il lui fallait l'agiter. Sinon la cour en son entier pensait que tout le reste était comparable. Il lui fallait tenir bon sous la tourmente qui l'assaillait de toutes parts et qui démentait constamment les options de sa politique. Il s'obstinait.
Et si l'hôpital s'écroulait faute d'argent et de personnels qu'importait? A quoi servait se sauver des vies qui ne faisaient que coûter et ne rapportaient pas?
Et si l'école défaillait, le Duc d'Arcos Ministre de Sa Majesté, s'entêtait à supprimer les enseignants et à raccourcir les horaires , sous le prétexte que son salut se tenait là. Mais derrière on sentait poindre une autre raison. Pour le dire crûment, à quoi servait que les futurs miséreux sachent tant de choses? Fallait il tant dépenser pour apprendre aux chômeurs de l'avenir ce qui en ferait peut être des révoltés?
TF1 ne suffisait elle pas au peuple avec sa jolie réclame multipliée?
Et le Besson de l'Empereur n'était il pas plaisant à en vanter les louanges au plus haut des cieux avec autant d'ardeur qu'il en avait mise, guère plus d'un an auparavant à en écrire les pires vilenies?
Et tandis que le Besson, après avoir rendu son hommage tendait la main pour que Sa Majesté y déposât quelque présent sous forme de maroquin , l'Aiglon s'affirmait. On avait prédit, un temps qu'il allait se placer au sommet du parti impérial. Ce fut démenti, mais désormais l'idée en était dans l'air..
Ainsi allait l'Empire en ces temps là.
Tout allait bien pour les puissants, sauf pour le pôvre Duc de Gaudin qui se trouva un peu embarbouillé par la neige tombée à gros flocons en sa bonne ville de Marseille et dont la Bonne Mère ne sut le garder malgré ses prières.
2 commentaires:
On semble bien impuissant dans ce monde de fous, et je crains que le pire ne soit pas passé, pffffffff que de réjouissances nous réserve 2009 !
Amicalement Nalou
Avec une mère qui l"abandonne à cinq jours et un père inconnu, la petite Zora doit être immédiatement signalée(pas besoin d'attendre 3 ans) à la société privée à but lucratif et humanitaire chargée du traitement des futurs délinquants.Déjà qu'il y a des antécédents dans la famille!!!
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