Czestochowa... N'attendez pas de moi trop de conseils pour la prononciation, mais dites autant de « ch » que vous le pouvez et vous y arriverez presque.
Donc Czestochowa, c'est un endroit intéressant à plusieurs titres. Non seulement une sorte de Lourdes ou de Fatima avec tout ce que cela implique, et un énorme nid de curés (la Pologne ne connait apparemment pas de problèmes de recrutement), mais c'est en même temps une grande ville industrielle.
La ville elle-même, encore très marquée des restes de l'ère communiste n'a pas beaucoup d'intérêt. Rues défoncées, beaucoup de façades lépreuses, tous cela ne respire pas l'opulence et on devine les problèmes économiques et sociaux qui la rongent.
Mais voici que parvenu en son centre on débouche sur l'impressionnante et monumentale avenue qui conduit au sanctuaire de Jasna Gora (la montagne lumineuse).
Au fur et à mesure que l'on approche de l'énorme édifice, l'avenue se fait plus animée, des groupes débouchent en musique, des rues adjacentes, des groupes de pélerins venus de tous les coins de Pologne, sac au dos, souvent à pied. Rares sont les polonais qui n'ont pas fait un jour le pélerinage. Tous ces groupes, en majorité d'adolescents, accompagnés des curés en soutane, se rejoignent en bas des marches au pied de l'édifice, puis cette foule bon enfant envahit les pelouses.
Le sanctuaire en lui même, qui a été fondé en 1380 en tant que monastère est un assemblage plutôt hétéroclite de styles architecturaux variés où dominent le baroque, voire le rococo.
Après avoir traversé plusieurs salles dans une profusion de stucs et de richesses de plus ou moins bon goût, on parvient au centre même de la Pologne religieuse, dans une chapelle sombre où les pèlerins à genoux vénèrent celles pour qui ils ont accompli tout ce chemin, la Vierge noire, symbole de l'identité polonaise. Il s'agit d'une icône, protégée par des grilles...
Ce n'est pas à moi que vous devez la photo de la Vierge noire en début de ce texte, car connaissant sans doute mon scepticisme de vieux mécréant, la Vierge a obstinément refusé de me laisser prendre une photo nette.
Je plaisante, mais il règne à cet endroit là une atmosphère assez impressionnante, non point tant, pour moi, en raison de la ferveur des fidèles que parce que l'on se situe au point même qui permet de comprendre le pays.
La Pologne, son histoire, pays souvent envahi, souvent martyrisé, partagé, dépecé, déplacé, proue du catholicisme vers l'est, la Pologne aux populations déplacées à de multiples reprises, se reconnaît exactement en cet endroit, sous la protection de cette icône venue on ne sait d'où sans doute créée au Ve siècle en Orient, peut être à Byzance, arrivée ici lors de la fondation du monastère où se sont arrêtées toutes les invasions.
Ici fut le seul endroit où ne s'est jamais interrompu l'usage de la langue polonaise, même sous la domination nazie.
Dans cette histoire tourmentée faite d'écroulements et de bouleversements, on peut comprendre que ce peuple se soit attaché à la vénération de cette icône, qu'il ait fait de cette Vierge la « reine » de Pologne.
Les communistes se sont cassés le nez sur cette identité religieuse des polonais, mais bien entendu cela les agaçait profondément, et c'est sans doute pour cela qu'ils ont fait de Czestochowa une grande ville industrielle enfumée et lugubre.
Mais comme les communistes avaient aussi beaucoup d'humour, (hum hum, vous en êtes certain?), pour faire le pendant au sanctuaire , ils avaient édifié, à l'autre extrémité de la ville, dans la perspective de l'avenue, cette impressionnante cheminée d'usine. Génial, non?
Cependant, comme vous le verrez sur la photo, un dernier mystère demeure. La cheminée n'est pas exactement dans l'axe.
Explication? Soit l'architecte ayant pas mal forcé sur la vodka s'est "entraupé" dans son plan, soit les promoteurs ont un peu reculé à la dernière minute, prenant peur de leur audace et craignant les foudres de la Vierge...
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