Quand on dit: « tiens, nous allons faire étape à Dresde », je ne sais pas trop ce qu'on s'imagine. Dresde, une grande ville sortie tout droit de l 'Allemagne de l'Est, cela impose des images. Mais Dresde, ce n'est pas cela, ou plus exactement c'est beaucoup plus compliqué. Certes, il y a les immenses avenues,et il reste encore des immeubles qui ont été récupérés et intégrés dans le nouveau (et futur) paysage urbain. Il y a des grues et de gigantesques travaux dont les excavations révèlent parfois des ruines.
Dresde à un passé celui de capitale du Royaume de Saxe, une ville d'art, la « Florence de l'Elbe » au mille tours, clochers et clochetons baroques.
Dresde c'est surtout un drame, un des pires (mais on hésite à prononcer ce mot dans le contexte de la seconde guerre mondiale où il y a eu tellement de « piretés »)... Quand même...
Cela s'est passé dans la nuit du 13 au 14 Février 1945
On imagine mal le climat d'un pays au bord du précipice, d'une ville où depuis quelques mois affluaient les réfugiés poussés le long des routes par l'avancée de l'armée rouge, l'effrayant fracas des « orgues de Staline » et la terreur à la simple pensée de l'arrivée des russes.
Combien étaient ils à se partager tous les lieux possibles, des caves aux soupentes en cette soirée du 13 Février? Un million sans doute, pour une ville de 600 000 habitants habituellement. Entassés...
Huit cents bombardiers de la RAF déversant sur la ville, durant quinze heures 650 000 bombes incendiaires et à fragmentation d'un poids total de 7000 tonnes, une température au sol atteignant 1000 degrés... Destruction totale sur 15 kilomètres carrés... Ces chiffres sont obscènes.
Quant aux victimes, on n'a même pas réussi à les identifier, ni même à les compter. 35000? 250000? Les chiffres varient selon les sources et les intérêts. Les nazis à Nuremberg, se servirent de Dresde pour tenter de relativiser leurs propres exactions...
Pourquoi? On n'en sait rien. Les Anglais donnèrent des explications embrouillées, ils croyaient que... Ils pensaient que...
Dresde aurait pu être une base de repli pour l'armée allemande (en fait la ville était dépourvue d'objectifs militaires)... De toutes façons les russes l'auraient détruite comme ils l'avaient fait pour Berlin et Breslau...
Rien de convaincant, peut être simplement un besoin de vengeance pour les bombardements de l'Angleterre notamment sur Coventry en 1940...
Un crime de guerre parmi tant d'autres... Est il des guerres où les vainqueurs ne commettent pas eux aussi de crimes?
Ensuite? Le régime communiste de la RDA pare au plus urgent, déblaie plus ou moins les 18 millions de mètres cubes de gravats, comble les trous les plus voyants, déroule sur le sol à peu près aplani ses immenses avenues, et construit ses barres d immeubles au triste crépi gris.
Mais quand même, on ne sait pourquoi, les dirigeants considèrent comme une priorité la reconstruction des édifices baroques. Pierre à pierre, en grattant les décombres pour récupérer les matériaux...
Eglises, palais, peu à peu ressortent du sol. Pas tous. Certains quartiers gardent leurs ruines jusqu'au bout.
Les dernières inaugurations de monuments restaurés datent de 2005, d'autres sont encore en cours.
Ce qui surprend, dans la Dresde nouvelle, c'est aussi la réutilisation des bâtiments de l'ère communiste, comme le palais de la culture et sa gigantesque fresque à la gloire du communisme.
Succession de cultures, juxtaposition de monuments, on peut se demander ce qui survivra le plus longtemps, de l'architecture baroque, des bâtiments rigides et tristes du communisme, du verre et du béton d'aujourd'hui, ou du vieux centre tout neuf où les touristes s'entassent aux terrasses des restaurants.
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