En ce temps là, sa Majesté voulut s'entourer de ceux qu'il y avait de meilleurs parmi les grands courtisans. Il en choisit sept, sept comme les sept jours de la semaine, les sept merveilles du monde, les sept péchés capitaux,, les sept sacrements, les sept dons du Saint Esprit, les sept nains de Blanche-Neige, encore que l'on pût difficilement comparer le souverain à Blanche-Neige, les sept couleurs de l'arc-en-ciel, les sept mercenaires, les sept piliers de la sagesse, les sept femmes de Barbe-Bleue, bien qu'il n'y eût qu'une seule femme dans ces sept là, aussi eût on pu dire la femme des sept Barbe-Bleue, enfin sept, nombre magique et fatidique.. Il convoqua ces sept là au Palais pour leur tresser les plus grandes louanges et leur faire les plus beaux compliments.. « Vous êtes les plus proches, je vous veux près de moi « dit le Prince tandis que les courtisans désignés se rengorgeaient d'orgueil et de bonheur.
Cependant le reste de la Cour, tous ceux qui se croyaient en grâce et qui découvraient qu'ils ne l'étaient plus, tous ceux qui ne l'étaient plus depuis longtemps mais qui espéraient encore, se mirent à murmurer, à ricaner entre eux et à se désespérer. Ainsi la Baronne Dati qui n'avait de doutes sur rien et se croyait encore haut dans le coeur du souverain vint demander des comptes et frapper de ses petits souliers le sol du palais. Mais rien n'y fit. La Baronne était tombée en disgrâce,. L'incompétence qu'elle étalait à chaque fois qu'elle prétendait s'occuper de justice, ses rapports houleux avec les membres de son entourage, son caractère peu amène, ses liens passés avec le clan de l'impératrice Cécilia, l'avaient précipitée dans la désaffection de Sa Majesté .
Le chevalier de Kouchner commençait à errer lui aussi à la cour comme un vieux livre aux dorures ternies. Le beau parleur d'autrefois avait démontré toutes ses insuffisances dès qu'on lui avait confié les missions auxquelles il aspirait depuis si longtemps, et ses médiocrités avaient effacé son éclat de traitre. D'ailleurs aucun de ceux qui s'étaient précipités pour trahir leurs amis et rejoindre l'Empereur n'était distingué. Ni Besson, ni le baron Bockel, ni aucun des autres.
La jeune Yadé elle aussi, qui avait eu parfois la langue trop bien perchée était tenue à l'écart.
Je ne parle pas de la femme Albanel qui dès le début se trouvait au niveau zéro dans l'esprit du Prince et n'était jamais parvenue à s'élever ne fût ce que d'un pouce ou de la Duchesse de Mam dont l'austère aridité croissait avec le temps.
Cependant celui qui en souffrit le plus sans rien montrer était le Duc de Fillon, exclu du premier cercle, et auquel on rapportait presque chaque jour, quand il ne les lisait pas dans les gazettes, les propos peu amènes de Sa Majesté à son encontre.
Depuis longtemps l'Empereur, dès qu'il y avait une affaire d'importance la confiait à quelqu'un d'autre quand il ne s'en occupait pas lui même, et envoyait dans le même temps son premier ministre en voyage officiel en Sistranie occidentale ou dans le Baloughistan du Nord...
Et me direz vous, pourquoi nous parle t on autant des exclus et si peu des élus?
La réponse est toute simple. Seule l'exclusion est notable. Le choix des autres n'obéissait qu'au fait du Prince, à des lubies de passage, à des embrasements temporaires. L'Empereur prenait comme favoris ceux qui réussissaient le mieux à exécuter ses volontés, qui parlaient et gesticulaient le plus, et surtout qui tout en faisant des moulinets avaient l'art de détruire, casser, dépecer, démantibuler, désosser, écrabouiller, laminer, démolir, saper et réduire en poussière tout ce qui avait été la vie des habitants de l'Empire et tout ce qui avait maintenu la solidarité entre eux, et une certaine qualité même dans l'existence des plus pauvres...
Ainsi le Marquis de Bertrand s'y entendait il pour tailler dans la protection sociale au point d'en enthousiasmer le souverain, tandis que le Duc d'Arcos, chassé du Périgord consacrait avec force et réussite tout son talent à anéantir le système de l'enseignement. Le Baron Hortefeux chassait très bien l'immigré. Par contre il n'existait aucune explication valable pour la femme Morano.
Mais ainsi va l'Empire, que selon les états d'âme et les lubies du souverain, rien n'est jamais écrit, et que tel qui rit vendredi pleurera dimanche. Dures lois de la courtisanerie et des humeurs du monarque.
2 commentaires:
A vous lire on se croit réellement à la cour tout y est, croyez vous que que le peuple va se révolter et le roi perdre sa tête ? En fait c'est la seule chose qui manque la guillotine (je n'arrive pas à croire que je dis ça !) Mais bon en y réfléchissant bien ..........
Et puis en ce 14 juillet de l'an2008, le bon peuple de Paris se dirigea vers le faubourg St Honoré pour y chercher de la poudre à canon et se rendit ensuite à la Bastille pour s'enquérir en armes...
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