La maison se trouvait au bas de la rue Rochefroide. C'était une maison qui datait du Moyen-Age et dont la façade avait conservé ses encorbellements... A chaque fois que nous passions devant ma mère me disait: « c'était la maison de la tante Trente-sous » Je n'y suis jamais entré mais il ne me semblait pas que ce fût un palais Le crépi et les poutres de l'ossature en étaient défraîchis, et bien que ce soit la maison de la Tante Trente-sous, je ne voyais pas trop quel intérêt on pouvait lui accorder.
Pourtant à force d'en entendre parler, la Tante Trente-sous avait fini par devenir un personnage familier et lorsque je passais dans la rue je considérais la maison comme si la silhouette de la tante allait m'apparaître derrière les rideaux mais ce n'est que plus tard que je sus l'histoire..
Quand mes grands parents étaient arrivés de leur campagne profonde pour travailler à la ville, ils étaient allés rendre visite à la Tante, une femme sèche et , comme on disait ici « aussi plaisante qu'une chausside » (un chardon).qui ne leur avait guère fait d'accueil..
Pendant des années , elle ne reconnut pas ses neveux lorsqu'elle les rencontrait par hasard dans la rue ou chez l'épicier. Pas un mot, pas un regard. Et eux qui avaient amené de la campagne leur humilité, leur déférence vis a vis des gens de la famille plus agés et qui il faut bien le dire, leur semblaient riches pour autant qu'ils pouvaient concevoir la richesse de quelqu'un qui était propriétaire, n'auraient jamais trouvé la hardiesse d'aller vers elle. .
Ils l'apercevaient de temps en temps, et à chaque fois ils la trouvaient vieillie, ayant de plus en plus de mal à se mouvoir, s'appuyant sur une canne...
Un jour enfin, elle se décida à les reconnaitre et les invita à lui rendre visite. Un verre de vin, un morceau de gâteau, un sourire aux enfants. Elle leur expliqua qu'elle se trouvait bien vieille, malade et sans descendance directe. Elle n'avait que des neveux comme eux mais qu'elle ne voyait jamais. « Je suis vieille, leur dit elle, mais si vous vous occupez de moi je vous lèguerai ma maison ».
A partir de ce jour, ils avaient rajouté une seconde journée à leur journée de travail; faire le ménage chez la tante, aller chercher son pain son lait, ses courses d'épicerie, préparer sa soupe, et plus tard passer le matin, la lever, la laver, l'habiller... C'était une femme sèche et avare, « chiche grilou ». Jamais un sourire, jamais en manque de récriminations lorsqu'un contretemps les empêchait de lui consacrer le même temps qu'à l'accoutumée, jamais une piécette aux deux filles. Les seuls cadeaux que celles ci aient jamais reçus d'elles étaient des bobines vides de leur fil.. . Il arrivait parfois qu'elle oublie de leur rembourser les petites sommes qu'ils avançaient pour lui faire ses courses sans que bien sur ils osent réclamer leur dû. Simplement de temps en temps, sans doute pour encourager ses neveux à faire mieux encore, elle renouvelait sa promesse de leur donner la maison.
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Un jmatin, ils trouvèrent la tante Trente-Sous morte dans son lit. Ils s'occupèrent des funérailles qu'ils payèrent de leurs maigres économies, n'ayant trouvé comme argent liquide que quelques francs dans une boite de biscuits. Et ils attendirent d'être convoqués chez le notaire. Mais la convocation n'arriva jamais. La Tante avait depuis bien longtemps fait son testament et légué sa maison à d'autres neveux de la ville, un couple bien mis, un « moussur » et une « dame » qui arrivèrent quelques jours plus tard, mirent les meubles et la maison en vente.
Ainsi s'envola le rêve de propriété de mes grands parents..C'était la vie.
3 commentaires:
Bonsoir,
Il est dommage que votre blog soit empêtré depuis quelques temps dans de la pub dont on a du mal à s'extirper. On y navigue plus difficilement qu'avant.Peut-être n'y pouvez vous rien? Voilà! Les choses sont dites mais j'y reviendrai bien sûr quoiqu'il en soit.Bien cordialement.
Mon cher Gilren, merci de votre remarque, mais cela ne m'avait pas échappé et depuis quelque temps je suis persécuté par ces petites fenêtres parasites sur lesquelles j'ai envie de tirer au fusil mitrailleur.
En fait je n'ai aucune idée sur l'origine de ce phénomène, et j'ai beau annalyser mon ordinateur a la recherche des chevaux de Troie rien n'y fait.
Pour le moment je m'apprete à partir une dizaine de jours pour refaire mon stock de photos sous des cieux que j'espère plus ensoleilles que celui qui me surplombe actuellement,, mais des mon retour je rechercherai une solution au problème, radicale si le besoin s'en fait sentir!.
A bientot donc! Amicalement. Yves
Je crois connaitre l'origine de ces bestioles. Vous avez un compteur qui sûrement en est la cause.J'ai lu il y a quelques temps que ce type de compteur agissait de manière insidieuse et allait même jusqu'au cheval de Troie.En tout cas je vous faisais part de ce dysfonctionnement plus pour la pérennité de votre blog que pour mon désagrément et vous l'avez compris ce qui ne m'étonne pas. A bientôt des nouvelles photos donc! Amicalement
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