Il arriva que l'Empereur voulant essayer de reconquérir l'amour perdu de ses sujets s'invita dans les foyers du royaume.. Je ne puis vous entretenir que par ouï-dire de cet événement, ne l'ayant pas moi même invité à partager ma soirée et ayant gardé ma porte close.
Cependant les commentaires qui m'en parvinrent, bien que je ne les aie encouragés à aucun moment furent bien assez nombreux pour m'instruire de ce qui s'était dit et me confirmer dans l'idée que j'avais eu raison de me livrer à d'autres activités plutôt que d'écouter cent fois les mêmes histoires ressassées, les mots de « réforme » et de « modernisation » que j'ai en horreur à force de les entendre recouvrir des pratiques vieilles de deux siècles et des retours à des temps que l'on eût pu croire révolus.
Ainsi m'a-t-on rapporté qu'au long de cette éprouvante soirée Sa Petite Majesté s'est à plusieurs reprises égarée dans sa connaissance des dossiers. Ainsi aurait il confondu le gaz et le pétrole, a-t-il mélangé la naturalisation des immigrés et la régularisation des sans-papiers.
Eût il fait bon voir qu'en d'autres temps pas si éloignés la Duchesse Royale se fût avisée de commettre semblables bévues, comment l'ensemble des gazettes et l'opposition se seraient jetées comme des fauves affamés sur la malheureuse pécheresse pour la dévorer toute crue. Ici rien de tel.
Pour le reste, le prince montra un soupçon de repentance à propos de sa tenue passée , et fit étalage de toute sa modestie nouvelle.
Mais la responsabilité de ce qui allait mal dans l'Empire, bien plus mal qu'avant toutes ces réformes et cette modernisation, fut rejetée tout à tour sur la situation venue de l'extérieur, sur les ministres incapables, et sur les miséreux coupables de leur misère. ...
Comme on pouvait le penser, la destruction de la solidarité en tous domaines va maintenant se poursuivre et même s'accélérer, on va démanteler l'hopital, aider les plus pauvres en prenant dans la poche, non point des riches mais des à peine un peu moins pauvres, contraindre les sans emploi âgés à en trouver un dans l'heure sous peine d'aller à la rue,, faire payer des franchises aux malades afin de soigner d'autres malades.
Quel besoin de sacrifier une soirée pour entendre cela que l'on connait déjà depuis longtemps. Quel besoin d'entendre vanter les vertus de « modernisations »dont on connait le but inavoué, casser, détruire , anéantir au profit d'intérêts particuliers..
Comment peut on expliquer que la crise de la consommation est due au trop petit nombre de grands magasins? Qui peut croire qu'il suffit de multiplier ceux ci pour que se remplisse par enchantement le porte monnaie des clients?
Rien ne change et ne changera. Le souverain veut à la fois prendre les mesures qui l'intéressent lui, et qui vont dans l'intérêt de ses amis, en ruinant le peuple, et dans le même temps il voudrait être aimé.
Sa Petite Majesté à tort de perdre son temps à s'évertuer de nous convaincre des bienfaits de sa politique à l'intérieur et à l'extérieur puisque ce qu'en peut penser le peuple n'en modifiera rien.
Et tous les habillages précieux dont on tente de recouvrir les soi disant « réformes », ne pourront en cacher les intentions perverses..
Il n'eût pas fallu signer pour l'Empire..
Pour le reste malgré les sermons de l'empereur la cour continue à vivre, avec ses grâces, ses disgrâces, ses mots perfides, et ses petites avanies.
La jeune Yade a dit de la Baronne Dati qu'on ne pouvait discuter avec elle que de robes.
Quant à la Baronne Dati, elle annonce que le Duc de Borloo lui donne le gerbillon.
Malgré les manifestations d'amitié que lui porte en public le souverain, le Duc de Fillon est au plus bas dans l'estime de sa petite Majesté.
Ainsi va la cour, contre vents et marées.
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