En ce temps là, à l'invitation de Sa Gracieuse Majesté, l'Empereur traversa la Manche pour se rendre en la Royale Albion, entouré de toute une cohorte. Se trouvaient avec lui, parmi d'autres, l'Impératrice Carla, la jeune Yadé et la Marquise Dati du Gerbillon, Garde des Sceaux, ainsi que le fringant Chevalier de Kouchner. Tout ce monde s'était pour l'occasion mis de belle manière et vêtu de ses plus beaux atours. Il se murmurait que pour s'offrir sa tenue de représentation, la Marquise du Gerbillon avait dû vendre quatre ou cinq tribunaux ce qui faisait dire que quelques visites royales viendraient à bout de la justice dans l'Empire, laquelle était déjà bien démantelée.
A vrai dire, malgré l'allure sereine de la suite, cette visite nourrissait bien des inquiétudes. Chacun se demandait en son for intérieur quelle allait être l'attitude de l'Empereur, dont on connaissait les débordements et les gestes mal mesurés. Les services de l'etiquette l'avaient soigneusement entraîné, préparé et exercé. On lui avait montré qu'entraîner familièrement la Reine par le bras ne se faisait pas, pas plus que de lui donner une bourrade, qu'il eût «été malséant de la traiter de « pauvre conne », et meme de la baptiser de ce petit mot charmant de tocarde,. très à la mode à la cour impériale. C'est qu'il ne s'agissait pas de susciter un incident diplomatique entre deux pays qui s'étaient souvent dans le passé fait la guerre pour des incidents mineurs. On insista aupres du Souverain sur le fait qu'il ne lui serait pas possible de consulter sa grosse montre, pas plus que de sortir son téléphone portable, comme il l'avait fait chez le Pape, car le Royaume d'Albion possédait d'autres armes que le Vatican.
Enfin les choses ne se passèrent pas si mal, malgré quelques chausse-trapes de la perfide Albion. Ainsi faire passer en revue par le petit Empereur, dont la taille n'était que de 5 pieds 5 pouces, une compagnie de gardes immenses, sans doute dans le but de le rabaisser, ou présenter des fruits à le fin du repas de gala, pour mesurer son aptitude à éplucher avec couteau et fourchette. Avec les gardes il compensa son déficit de taille par de l'agitation, et il ne se laissa pas prendre au piège des fruits qu'il refusa..
Son discours fut pourtant plein de prévenances et d'admiration pour le Royaume dont il promit de suivre l'exemple, apres avoir quelques jours auparavant promis de la même façon et en des termes aussi chaleureux à la chancelière de Prusse, de suivre pas à pas l'exemple de ce grand pays. Son empressement à suivre l'anglais lui faisait oublier ses précedents propos. Les alliés de l'Est n'existaient plus quand on était face à ceux de l'Ouest. A force de prendre ses exemples de tous côtés au lieu de dicter le sien, l'Empire risquait de virer sur lui-même comme une girouette.
Mais la surprise vint de Sa Majesté l'Impératrice, de sa tenue humble et décente, pleine de retenue de pudeur et d'élégance. Sa courbette devant la Reine fut empreinte d'une telle grâce que son mari l'Empereur remonta immédiatement dans les sondages lui qui depuis des décades était au plus bas, honni de son peuple. Ce furent les vieux qui se mirent à l'aimer en raison de la grâce de l'impératrice. Pour cette simple courbette, ils acceptaient de bon gré l'augmentation des prix, les franchises médicales et l'abaissement des retraites de leurs enfants. La vie redevenait belle. Quel peuple merveilleux!
Seulement il fallut bien quitter l'île et ses trésors, abandonner carrosses, orfèvreries et cristaux précieux pour revenir à la cour et à ses médiocres intrigues.
Le jeune Marquis de Martinon faisait ses bagages pour le nouveau monde où il partait en exil parmi les indiens et les quakers. Son sort était réglé depuis qu'il avait osé déplaire au Prince et à le Princesse Balkany.
Mais un autre avait fait des siennes. Le Marquis de Benamou, avait de son fait, et d'un trait de plume, évincé plusieurs prétendants à la Résidence Impériale de la Cité éternelle et se l'était attribuée sans autre forme de procès, ce qui faisait jaser les courtisans.
Il était urgent que sa Majesté intervint et retirât à l'intrigant tout espoir de s'approprier cette charge prestigieuse. Le Benamou eut la chance que l'époque des oubliettes soit révolue car personne ne l'eût plaint d'y être jeté.
La cour était bruissait de rumeurs et de médisances, sans parler de la lutte sourmoise qui mettait aux prises le Duc de Fillon et le Comte du Bertand. Ces deux là ne pouvaient pas se voir et il suffisait que l'un parle pour que l'autre proclame le contraire dans l'heure. Cette rivalité était entretenue par sa Majesté qui goûtait peu le Duc dont la popularité surpassait la sienne et qui l'accablait , simplement par son regard, de reproches silencieux et envisageait de lui retirer sa charge pour la confier à l'ambitieux Bertrand.
Pour le reste le prix du pain et des laitages continuait à monter, et les revenus du commun de baisser.
Heureusement une bonne nouvelle venait éclairer ce méchant tableau. L'Aiglon avait pris Neuilly, sans grand mérite il est vrai tant la ville lui était acquise. Cette victoire ne devait rien au méchant comte de Vedjan qui n'était pas en grâce, et tout aux fidèles Balkany.
Au moins l'Aiglon malgré son jeune âge se posait il en successeur. Sans doute sa popularité allait elle grandir chez les gens âgés. L'avenir lui était promis.
Ainsi allait la cour.
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