Les temps devinrent durs, tant pour l'Empire que pour le souverain. Février était là avec ses frimas et ses brumes et se profilaient les votes qui, en Mars devaient désigner les maires de toutes les communes, du plus minuscule village à la plus grande cité.
Mais chacun à la cour et parmi les politiciens acquis à la cause de Sa Majesté commença à s'inquiéter de la désaffection et même du dégoût du peuple à l'encontre de son maître. L'incertitude se mit à grandir et beaucoup de ceux qui se revendiquaient jusque là du soutien de l'Empereur découvrirent tout à coup les bienfaits de l'apolitisme. La plupart écartèrent sa recommandation, craignant que cela ne les fît perdre, et certains firent mine de ne plus le connaître, de n'avoir rien de commun avec lui et même oublièrent d'où ils venaient et à qui ils avaient fièrement prêté quelque temps auparavant, serment d'allégeance.
Malgré tout, le peuple, lui, gardait sa mémoire et de grands personnages de l'Empire se trouvèrent en position périlleuse. Ainsi Gaudin à Marseille qui vacillait sur son trône de potentat local ou encore Juppé, Prince d'Aquitaine qui ne se sentait pas assuré de rester maître en sa bonne ville de Bordeaux. Le baron de Perben s'écrasa en essayant d'assiéger la colline de Fourvière.
Mais le plus drôle fut l'histoire du petit Marquis de Martinon à Neuilly.
Ce jeune homme prétentieux aux dires de ceux qui l'approchèrent, qui comptait parmi les favoris de Sa Majesté, fut envoyé par son Maître en personne prendre la tête de cette ville emblématique que l'Empereur jugeait comme de son domaine et où jamais ne s'était montrée la moindre opposition à sa personne.. Martinon fut mal reçu par les autochtones habituellement plus enclins à respecter les impériales volontés, et qui l'accueillirent aux cris de « Martinon non non » sobriquet qui risque bien de lui rester collé aux basques.
Cette fronde par la suite alla en s'amplifiant, le malheureux accumulant les bévues. Ainsi déclara-t-il lors d'une assemblée: « Venir à Neuilly est pour moi un sacrifice financier » ce à quoi il s'entendit répondre par des gens qui n'avaient jamais montré autant d'audace révolutionnaire: « Tu as raison, fais des économies, rentre chez toi. » Ainsi le sort de Martinon en ce mois de Février funeste était il en suspens.
Certains prévoyaient son abandon prochain et d'autres sa défaite future. Mais l'un et l'autre cas était un revers pour l'Empereur et ceci dans son fief même.
Une autre cause de souci pour Sa Majesté était l'information donnée par une gazette selon laquelle il continuait, à la veille même de son mariage avec l'Italienne à envoyer des billets à sa précédente femme pour l'inviter à le rejoindre. Cette anecdote, vraie ou fausse, en d'autres temps et avec d'autres dirigeants n'eût provoqué aucun émoi ou tout au moins pas davantage qu'un sourire amusé.
Mais le souverain en portant l'affaire en justice et en demandant l'embastillement du chroniqueur de la gazette donna lui même un grand développement au sujet. Ainsi la nouvelle se répandit elle dans toute la presse. Chacun s'étonna que Sa Majesté qui de son fait avait prétendu inscrire sa vie intime dans l'Histoire de l'Empire et du pays, osât prendre de telles mesures dès que cela jouait en sa défaveur.
Ainsi en va-t-il des grands de ce monde qui prétendent faire des lois qu'ils sont les premiers à transgresser dès qu'elles se montrent à leur désavantage.
Quant aux autres nouvelles elles n'étaient guère plus favorables. Il fallut remiser d'urgence le rapport du comte Attila de Mitterrand qui prétendait tout détruire et tout reconstruire selon ses vues et qui se heurta en premier à l'ire des voituriers. Ceux ci envahirent rues et places et l'Empereur, ayant dit qu'il accepterait toutes les préconisations du Comte se trouva obligé de reculer prestement et de faire annoncer par Fillon que rien ne serait retenu de ces élucubrations barbares. .
Ainsi allait la vie en l'An I de l'Empire.
1 commentaire:
C'est certain que le mois de février commence mal, c'est même fatiguant d'entendre autant d'âneries.
Je regrette vraiment de ne pas avoir entendu le nouveau porte parole de la gauche DDV quoi que cela m'aurait peut-être complètement abattue !!
Merci du voyage à Salamanque pour ceux qui comme moi ne connaissent pas cela donne envie de voyager de voler de s'évader surtout par les temps qui courent enfin quelques images qui nous détendent.
Amicalement Carmen
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