Actuellement et jusqu'au 15 Avril se
tient au Musée des Beaux-Arts de Limoges ( au passage , pourquoi
avoir changé le nom du vieux Musée de l'Evêché, très bien rénové
certes, pour lui donner une appellation aussi banale?) une très
intéressante exposition consacrée à une artiste encore peu connue
mais qui prend une place grandissante dans le panorama de l'art
contemporain .
Il s'agit de Suzanne Lalique-Haviland (1892- 1989).
Chez les Lalique on connaissait
évidemment le père René, célèbre créateur de bijoux et d'objets
en verre, mais la fille Suzanne n'était estimée que d'un cercle
restreint de connaisseurs. La voici donc présentée à un public
plus large, sous toutes les facettes de son art. Suzanne ayant perdu
sa mère très jeune, c'est vers elle que se retourne son père pour
lui demander son avis et ses conseils, et stimuler ses talents
créatifs. Il est presque certain que dès son jeune âge elle
dessine des objets attribués à René. Elle conçoit flacons et
poudriers.
Elle travaille aussi à des objets pour
la Manufacture de Sèvres et en 1913 elle expose des modèles pour
des impressions sur étoffes. A cette époque là, elle réalise
aussi de nombreux paravents.
Il est vrai que Suzanne a toujours vécu
entourée d'artistes, son grand-père maternel était un sculpteur,
ami de Rodin, Prise en affection par la famille Morand, elle y
rencontre les écrivains Paul Morand et Jean Giraudoux qui
l'initieront aux grandes œuvres de la peinture.
Elle rencontre aussi le photographe
Paul Burty-Haviland, file du magnat de la porcelaine Charles Haviland
et frère du peintre Franck Burty-Haviland, ami de Picasso, et
l'épouse en 1917. A partir de 1925, elle va s'intéresser à la
porcelaine et créer des décors de services, mais non point pour
l'entreprise de son beau-père, j'expliquerai pourquoi dans un autre
billet sur les Haviland.
En fait Suzanne travaille pour l'autre
manufacture, celle de l'oncle Théodore.
Pour autant elle n'abandonne pas sa
collaboration avec son père. René et elle font ensemble la
décoration d'un paquebot transatlantique le Paris, et des trains de
luxe à destination de la Côte d'Azur.
Et bien sûr elle peint. Ses œuvres
sont inspirées de son parcours, de son œuvre de décoratrice, et
plus tard des atmosphères du théâtre.
Car c'est en 1937 qu'on lui demande de
créer des costumes et des décors pour la Comédie Française, à
commencer par le décor de « Chacun sa vérité » de
Pirandello, mis en scène par Charles Dullin. Pendant plus de trente
ans elle devait collaborer avec l'Illustre Compagnie, sur laquelle
elle eut une influence certaine comme directrice de la décoration et
des costumes, modifiant certains comportements de la troupe par
exemple en ce qui concernait la perception des accessoires.
Il lui arriva aussi de collaborer avec
l'Opéra Garnier et avec le festival d'Aix-en-Provence..
Suzanne Lalique est morte en 1989 et
enterrée à Yzeures sur Creuse.
Cette exposition est la première à
offrir un panorama complet de l'oeuvre de cette artiste aux aspects
multiples. De salle en salle on la suit dans sa vie en admirant à
chaque instant les multiples rebonds de son inspiration et de ses
divers talents.
Si vous passez par Limoges avant le 15
Avril, n'hésitez pas à rendre visite au Musée des Beaux-Arts.
L'exposition sera ensuite à Aix-en-Provence.
Quant à moi je compte bien dans un
prochain épisode, vous narrer le règne des Haviland sur la
porcelaine de Limoges.
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