Petites nouvelles du temps
En Guadeloupe , c'est fini, on a signé, tout va bien. Tout?
Evidemment on se met à chercher des crosses à Elie Domota, le meneur des mouvements sociaux. Il fallait s'en douter. Incitation à la haine raciale contre les békés.
C'est possible. De ce côté ci de l'Atlantique, nous sommes plutôt mal informés. Cependant le journaliste chef d'un grand hebdo de chez nous (de droite) qui a écrit: « on ne peut pas vouloir vivre à l'antillaise et consommer à l'européenne » n'est pas inquiété, lui. Sans doute n'y avait il rien de raciste ou de désobligeant dans son propos; ce n'était que de l'humour.
Bien que Thibaud de la CGT prétende que les troubles qui secouent les DOM ne soient pas transposables à la métropole, on ferait bien de se méfier et de tirer quelques leçons de ce qui vient de se passer.
Parce qu'on n'a demandé ni a Thibaud ni à Chérèque, ni à l' « opposition » le droit de commencer. Le mouvement est né quasiment spontanément, parce que ce type-là (Domota), sorti de nulle part, à la tête d'un ensemble peu connu d'associations et de syndicats, a incité les guadeloupéens à entamer une grêve générale qui est devenue illimitée...
Quand le peuple en a assez la colère déborde, et il suffit que quelqu'un avec une personnalité suffisamment charismatique en prenne la tête. C'est transposable partout.
Evidemment les syndicats traditionnels, les « réformistes » qui ont depuis des lustres joué le jeu de l'apaisement des tensions, de l'alliance avec l'état et le patronat, sont dépassés et hors course. La principale action des partis d'opposition consiste aussi a demander le retour au calme.
Sauf qu'aujourd'hui le peuple n'a plus confiance. Il y a eu trop d'ententes dans son dos, trop de récupérations, trop de tromperies.
Quel fonctionnaire n'a jamais été victime des fameuses grèves de vingt-quatre heurs qui, à intervalles trimestriels consistaient surtout à reverser dans les caisses de l'état une journée de traitement?
Les syndicats y ont perdu leur audience dès qu'on a commencé à se rendre compte qu'ils n'étaient là que pour calmer les esprits échauffés...
Alors aujourd'hui, demain, n'importe quand, n'importe où quand le ras le bol dépassera les facultés d'absorption du peuple, on risque de voir se produire ce phénomène « non transposable ». il n'y aura ni syndicats ni partis d'opposition, on ne demandera rien à personne...
Bien entendu, comme cela se passe habituellement ,ceux qui sont à l'origine de la désespérance donneront la solution pour en sortir. Les pyromanes adorent endosser des uniformes de pompiers. Ils savent tout, et même comment réparer les dégâts qu'ils ont fait... Et puis ils peuvent aussi demander aux experts de tous poils de venir expliquer doctement , avec la même suffisance, la même arrogance ce qu'ils n'ont pas été capables d'anticiper.
Il n'est pas sur que ceux qui seront dans la rue à ce moment là accepteront d'appliquer les règles du combat social inventées par ceux qui en sont à l'origine. Parce que c'est un paradoxe qui m'amuse beaucoup d'entendre ceux qui ont semé la tempête édicter leurs lois. Pour un peu c'est eux qui devraient prendre la tête des manifs pour montrer ce qu'il ne faut pas faire. En tous cas ce sont eux qui édictent les règlements. Ils nous ont fichus dans la merde, et pourtant ils avaient les recettes sûres pour qu'on n'y aille pas et maintenant ils ont les lois qui règlementent les protestations des mécontents.
Tant que tout se passe bien, les mécontents obéissent, se rangent derrière des bannières, crient quelques slogans en marchant dans les rues abandonnent sagement leur journée de salaire et rentrent chez eux pour entendre à la radio les statistiques bidonnées du jour de colère, et les commentaires des salopards qui essaient de les tourner en dérision, de minimiser leur protestation. et de monter contre eux ceux qui ont été gênés.
Mais voilà, un jour , le vase déborde, la cocotte explose... Ce jour là, les gens ne rentrent plus chez eux, ne respectent plus les règles de bonne protestation, n'obéissent plus aux syndicats, ne suivent plus les consignes de modération de l' « opposition »...
La Guadeloupe devrait les faire réfléchir...
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