Mes très chers cons.
Je sais déjà que vous êtes nombreux. Je vis parmi vous, je vous fréquente. En général ça ne me pose pas de problème particulier. Il y a même des cons que j'aime bien.
Mais là, ces jours ci, il y a un je-ne-sais-quoi qui m'inquiète. Au fur et à mesure que je vous vois sortir du bois et que votre nombre s'approche des cinquante pour cent, ma gorge se noue, j'éprouve une angoisse grandissante.
Comme vous ne portez pas fatalement la connerie sur votre visage, pas plus que Woerth ne porte la malhonnêteté, j'essaie de deviner si vous en êtes. Un sur deux, ça fait un tas. Fatalement dès que je sors , je ne peux pas tous vous éviter. Alors bien sûr je dois commettre des erreurs. Le bellâtre moustachu au volant d'un quatre-quatre BMW qui me sort juste devant le nez d'un Stop si je suis en voiture, ou me frôle les pieds à tout berzingue quand je suis sur un passage piétons est catalogué d'office. Mais la jeune postière intérimaire à temps partiel, face à la file de cinquante personnes qui trépigne devant son guichet, mais l'employée de la boulangerie, celle qui vous tend la baguette au bout de son master de socio , mais, pire encore, le chômeur que je vois entrer discrètement au restaurant social du haut de ma rue, qui me dit qu'ils ne font pas partie de la confrérie ?
Un sur deux, ou presque. Enfin pas tout à fait encore, mais au fur et à mesure que dimanche approche j'ai une peur grandissante que les cons fassent des petits.
J'ai entendu hier sur je ne sais quelle radio, un type qui disait qu'il avait trouvé Hollande très bon l'autre soir au grand débat, vraiment tout chez Hollande lui avait plu. C'était pour lui une révélation. En 2007, il avait voté Sarkozy qui l'avait terriblement déçu. « Alors, lui disait le journaliste, cette fois vous allez voter Hollande ? - Ben non, rétorquait le con, parce que les belles paroles je n'y crois plus, et puis Sarkozy, au moins a l'expérience . » Le raisonnement des cons est parfois impénétrable.
Mais il est vrai qu'aujourd'hui , un certain nombre de cons éprouvent cette tentation : « Et si on essayait Sarkozy ?».
Alors bien sûr, moi je ne comprends pas cela, et je doute même que le plus con d'entre vous puisse me l'expliquer. Le « Président des riches, candidat du peuple» dans sa marche circulaire qui l'a conduit du Fouquet's jusqu'à l'extrémité des extrêmes a me semble t il donné au cours de son premier mandat , un bon échantillonnage de ce que nous le peuple, avons à attendre de lui : injustice sociale, mensonges permanents, rupture des digues morales, anéantissement des services publics, chômage sans retenue, etc... on sait tout cela et plus encore.
Ce qui est affligeant, c'est que vous, les cons, vous en redemandiez. Vous n'avez pas encore assez donné ? On ne vous pas encore fait assez les poches pour favoriser encore plus les nantis ? Vous n'êtes pas encore assez dans l'insécurité quotidienne, dans le désespoir, dans l'angoisse du lendemain, dans la précarité ? L'éducation de vos enfants, leur avenir, l'enseignement qu'on leur donne , ne vous importent pas ? (Hélas j'ai déjà entendu ce raisonnement de cons qui disent « moi je me suis débrouillé, mes gamins n'ont qu'à en faire autant ».)
En y réfléchissant bien, il n'est pourtant pas surprenant que les cons fassent des choix à la con.
Mes chers cons, on sait bien que la connerie entraîne des difficultés à s'adapter aux situations nouvelles et aux hommes nouveaux. Sarkozy vous en a fait baver pendant cinq ans, n'a rien amélioré, au contraire, a dégradé vos conditions de vie ? Qu'importe, c'est Sarkozy. On le connait.
Vous êtes plus prédisposés que d'autres, vous les cons aux idées toutes faites : Hollande est un mou (même s'il fait cent fois la démonstration du contraire, il restera à jamais tel qu'un menteur vous l'a décrit un jour), la vie en Espagne est bon marché, Sarkozy nous protège. Tout cela ce sont des conneries dont votre pensée ne pourra plus se passer.
Et puis les cons sont trouillards. Quand Sarkozy le menteur prétend que les chars soviétiques n'attendent plus que l'élection de Hollande pour foncer sur nos routes, vous avez une pétoche bleue. Vous courez vous enfermer chez vous à double tour, parce qu'avec Hollande, les criminels, les étrangers et tout ce qui ne vous ressemble pas va venir la nuit vous égorger si la porte est mal fermée et si la frontière n'est pas bouclée, bourrée de postes de douane, de caméras, de patrouilles en état de présumée légitime défense. Vous foutre la trouille, à vous les cons c'est facile.
Alors voilà. Essayez donc Sarkozy pour voir ! Cinq ans de plus. Encore la dernière fois était il tenu à une certaine prudence puisqu'il y avait au bout une réélection à la clé ! Mais cette fois libre qu'il est le mec. Libre comme l'air, sans retenue, sans frontière (les frontières c'est pour vous, pauvres cons), sans crainte d'ennuis judiciaires...Et si vous pensez qu'il n'y aura que les autres, les noirs, les musulmans , les vieux (qui hélas renferment la plus grande proportion de cons), les malades , les chômeurs pour en baver, c'est aussi que les cons ne se projettent pas dans l'avenir. Ils ne peuvent pas s'imaginer qu'ils deviendront un jour vieux, malades ou chômeurs, (noirs, il y a peu de chances s'ils ne le sont pas au départ).
Je sais, un jour en bégayant il a promis qu'il n'y aurait plus de Fouquet's. C'est vrai, la prochaine fois ça sera le Crillon . Il a déjà commencé.
Alors vous les cons qui me lisez, vous vous dites sans doute : « qu'est ce qu'il est con ce type ! » Peut être avez vous raison, mais voyez vous il y a une certaine fierté à être le con des cons.
2 commentaires:
Hé hé on part se balader on revient c'est encore mieux ma foi ça fait plaisir, mais alors bon sang que de lecture en retard ;-)
Amicalement Nalou
ça me fait penser à tous ses gens qui ont des tas de problèmes avec leur voiture: elle pollue, elle ne tient pas la route, elle coûte très cher à l'entretien, elle devient souvent incontrôlable et dangereuse et pourtant ils rachètent la même par fidélité à la marque.Gageons que cette fois après les pétages de durites répétés on va rouler Hollandais.
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