Ce qui me reste de cette soirée électorale, c'est un gros sentiment d'indignité et de honte. Honte de ce peuple haineux, rétréci, manipulé dont je fais partie.
Evidemment Hollande est en bonne position pour l'emporter d'ici quinze jours, et j'irai mettre, par devoir, mon bulletin à son nom sans état d'âme et sans enthousiasme, parce qu'il reste le seul espoir de sauvegarder un semblant de démocratie dans ce pays de racisme , de rejet de l'autre...
L'autre... Celui de la porte d'en face. L'immigré que l'on n'a pas arrêté à la frontière et qui vint piquer l'emploi des français de souche, le malade qui ruine notre belle sécu (il n'empêche que nous les bons français au premier soupçon de rhume, on se précipite chez le médecin pour se faire donner une ordonnance longue comme ça, quand on ne refuse pas les génériques), le chômeur , qui ne peut être qu'un feignant que l'on doit sanctionner s'il ne trouve pas un emploi sous les huit jours, le vieux dont la retraite ruine le pays, le fonctionnaire qui coûte trop cher (ah les belles privatisations et leur fameux résultat)... L’assisté. Ah quel beau mot inventé par les nantis qui nous gouvernent. L’assistanat…L'autre.
Evidemment , on ne peut rien contre la banque, contre l'odieux système libéral qui répand sa misère, contre les copains du prince qui se sont goinfrés jusqu'à plus soif.
Parce qu'enfin ! Quarante cinq pour cent de vote d'extrême droite lors de ce scrutin d'hier. Eh oui Le Pen, le vote raciste qui a au moins la franchise de s'afficher, plus l'UMP qui essaie de revêtir son appel aux sentiments les plus indignes des oripeaux du gaullisme bien défunt. Quarante cinq pour cents. Je ne vois aucune différence entre les uns et les autres. La haine répandue. Soit au nom d'une idéologie, soit par la médiocrité d'un individu aux abois et capable de tout. Peut on imaginer cela ? Douce France qui n'en finira pas de surfer sur la haine, l'exclusion, la petitesse...
Il me revient en mémoire un éditorial de Jean François Kahn, au temps où pour la première fois le FN s'était emparé de municipalités dans le Sud (Orange, Toulon, Marignane etc...) et que ceux qui voulaient déjà récupérer l'électorat du FN prétendaient qu'il ne fallait pas le diaboliser, que c'était un électorat abusé mais respectable. Selon l'éditorialiste, c'était tout le contraire. Les dirigeants du FN exploitaient leur fonds de commerce, leur but étant d'arriver à conquérir la place. Mais ensuite c'étaient les électeurs qui poussaient à la roue pour que les responsables appliquent leurs promesses et prennent les mesures extrêmes les plus indignes, les plus offensantes, les plus discriminatoires . C'est le fond humain qui est mauvais et c'est la honte de ces politiques de tirer le peuple vers le bas .
Je ne fais aujourd'hui aucune différence entre Le Pen et Sarkozy. Ce sont des concurrents qui tiennent le même commerce et qui servent la même clientèle. Méprisables, comme leur public.
J'ai vu au cours de la soirée, Sarkozy parmi ses groupies à la Mutualité, j'ai entendu les cris habituels d'admiration idiote les «Nicolas, Nicolas ! » frénétiques à leur petit gourou agité et grimaçant. Ah ce culte de la personnalité que l'on reprochait tant aux régimes de l'Est ! Et puis j'ai vu, comme vous les barrières, et la haie de CRS dans la rue ! Quel type , ce président qui a une sainte trouille de son peuple !
Je n'ai pas parlé encore du score de Jean-Luc Mélenchon. C'est certes un peu une déception, bien qu'il soit celui que j'avais raisonnablement prévu, on peut en témoigner autour de moi. Je savais bien que les frileux au dernier moment se réfugieraient vers des pédalos plus sûrs. Il en est toujours ainsi. Et puis la campagne de calomnie de la presse socialiste bien pensante a aussi porté ses fruits. Quoi qu'il en soit Mélenchon est le seul a avoir apporté de l'espoir et des idées dans la campagne, le seul à avoir restitué l'atmosphère des grandes manifestations et des grandes fêtes populaires. C'en était trop, bien entendu pour les constipés d'une politique vaguement teintée de rose, et qui pourtant, au lieu de le débiner et de le rabaisser auraient mieux fait de lui donner un coup de main dans sa lutte contre le FN. Mais là ils étaient étrangement absents, on se demande pourquoi.
Reste à pérenniser cette force nouvelle, porteuse d'espoir. Cela ne sera pas facile .
Et pourtant, Hollande, en espérant qu'il soit élu tant l'autre est capable de tout, aurait bien besoin de cet aiguillon d'une gauche retrouvée, inventive et dynamique. Il faut bien que nous réalisions que si les socialistes déçoivent, la catastrophe sera telle que nous risquons de nous prendre l'ami de Takkiédine en pleine poire si ce n'est Marine...La seule question serait de savoir quel est le pire des deux !
J'irai donc voter Hollande dans quinze jours, mais en attendant, rien...
Le repos . Je suis saoulé des éléments de langage sarkozystes.
Je ne veux pas de leurs débats préfabriqués (trois ? Et pourquoi pas vingt quatre, deux par jour, un le matin et un l'après midi)...
S'il y a une qualité que je reconnais au corrézien, c'est bien celle ci : il n'est pas aisément manipulable, ce qui fait le désespoir de son adversaire d'extrême droite !
Sauf circonstances ou évènement exceptionnel et imprévu je ne veux plus entendre parler de sarko de sa cour, de ses aboyeurs et de ses copains, ni en parler moi même.
Du balai !
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