C'est un beau roman, c'est une belle histoire...
Notre héros vainqueur en Lybie, les envolées lyriques (gaulliennes a dit ma radio du matin) de Tripoli, les foules en liesse, du bonheur partout. Ah ça ranime la flamme patriotique dans nos coeurs, hein ! Ce type là on le suivrait partout. Le peuple est prêt pour la prochaine.
Depuis qu'il est là , avez vous remarqué que nous sommes revenus dans le monde, dans le concert des nations civilisées ? L'Afghanistan, la Côte d'Ivoire, la Lybie ! Que des guerres justes pour porter la paix dans le monde. C'est vrai que nous avons raté l'Irak, (quel dommage, nous étions tout petits en ce temps là!) Nous avons aussi loupé la Tunisie, l'Egypte, autant d'occasions de faire voler nos Rafale, d'utiliser nos stocks de bombes...
La France s'est réveillée ! Comme au bon vieux temps. Prête à exporter ses valeurs, à lutter pour la liberté, à libérer les peuples opprimés. Au service des justes causes.
Et maintenant ? Ce n'est pas le travail qui manque. Demain la Syrie, et après ? L'Iran ? Le Maroc ? L'Algérie ? Le Burkina ? La Corse ? L'Arabie ?
Nous le voyons sur les grand'places quadrillées de policiers, de CRS, de militaires, monté sur ses talonnettes, montées sur son estrade : « Tripoli meurtrie, mais Tripoli libérée ! Vive la Lybie » « Damas meurtrie, mais Damas libérée ! Vive la Syrie ! » « Téhéran... » non attendez la victoire avant de crier.
Ah tout cela est bien beau, bien bon , bien fort. Les fier à bras se sentent pousser des ailes, emmenés par le joyeux BHL chemise ouverte, portant l'étendard tricolore... Une belle image dans les livres d'histoire du CE2, aussi belle que Bonaparte au pont d'Arcole. C'est quand même plus beau à voir qu'étendu derrière un petit mur à Sarajevo...
Voila pour la gloire et la beauté, le fun ! Maintenant peut être qu'on pourrait passer le nez derrière le décor pour voir.
Justement , on nous a parlé de ces foules en liesse à Benghazi , de cette place pleine de gens joyeux acclamant le libérateur. Pleine ? Selon les témoins c'est un peu différent pluisqu'il a fallu les rassembler pour que nos braves télés puissent donner « l'illusion » d'une foule.
Ils nous ont même trouvé une famille qui a appelé son gamin Sarkozy ! Parents indignes, pauvre petit...
Et pourtant la Lybie n'est pas Capri, ce n'est pas fini ! On arrose la victoire tandis que les combats continuent. Les bons rebelles n'occupent, pardon ne libèrent guère plus de la moitié du territoire pour le moment. On a oublié qu'il s'agit d'un pays dont l'organisation est complètement tribale. Aux méchantes tribus au pouvoir avec Kadhafi vont en succéder d'autres, gentilles certes, au moins autant que les premières..
En attendant les gentils rebelles libérateurs sont quand même pas mal mis en cause par Amnesty International qui parle d'enlèvements de disparitions de pendaisons, de tortures, ce qui ne saurait être vrai bien entendu, n'en croyez pas un mot. BHL nous l'affirme, ce ne sont que des héros.
On remarquera qu'il ne sert à rien d'être ami avec le « libérateur », d'être invité, encensé, choyé à Paris. De se voir proposer les plus folles des affaires, des armes, des avions, des systèmes pour surveiller les peuples, notre savoir-faire pour mater les révoltes, ni même d'être admis aux côtés du « libérateur » à admirer nos troupes le jour de notre fête nationale. Aucune amitié ne saurait protèger de nos offensives « libératrices ». Surtout si on a du pétrole ou quelque minerai stratégique .
Pour libérer, il faut tuer un peu. On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Il faut quelques cadavres au sol, des combattants mais aussi des enfants des femmes. Combien ? Quelques dizaines de milliers ? On voit bien qu'on ne veut pas nous ennuyer avec cette comptabilité sordide. On en est à fêter la victoire, non ?
Enfin à qui viendrait il l'idée de s'inquiéter du prix de la libération ? Ce n'est pas parce que nous sommes un pays parait-il accablé par la dette qu'on ne trouvera pas encore quelques millions pour aller « libérer ».On supprimera au besoin quelques enseignants, quelques infirmières, quelques policiers de plus. Après tout ils peuvent devenir pilotes de Rafale, non ?
Ah que la guerre était jolie
Sous Sarkozy, sous Sarkozy...
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