Enfin Sa Majesté tenait sa victoire . La guerre contre le Grand Mamamouchi se terminait dans le triomphe de l'empereur et la déroute du tyran. Il était loin le temps où les deux souverains se couvraient d'éloges et de mamours, le temps où l'africain montait sa tente en la capitale de l'empire,et se montrait aux populations ébahies par ses costumes bigarrés et sa garde prétorienne de jeunes et jolies femmes.
Sa Majesté n'ayant pas vu poindre la révolution qui allait emporter Ben Ali, ayant oublié d'aller proclamer depuis les pyramides d'Egypte que quarante siècles nous contemplaient lorsque son autre ami Moubarak, dont il avait apprécié l'hospitalité généreuse à maintes reprises s'était effondré, s'était vengé sur le Mamamouchi de ces imprévoyances et de ces déconvenues.
Par chance le tyran n'avait point donné suite aux propositions de Sa Majesté de lui vendre toutes sortes de matériel moderne pour guerroyer.
L'empereur avait en cette circonstance vendu la peau de l'ours, et s'était vanté des contrats mirobolants qu'il avait signés avec son ami. Las, ou plutôt, fort heureusement, ce dernier une fois quitté le sol de l 'empire avait ignoré les contrats.
La victoire comme dans toutes les guerres avait coûté la vie à des enfants, des femmes des vieillards. Qu'importe. Le souverain pouvait maintenant convoquer des conférences, se dresser de toute la hauteur de ses talonnettes pour pérorer sur ses propres talents et gonfler ses plumes de chef de guerre. La cour et les gazettes impériales s'esbaudissaient de ces faits d'armes. L'opposition , une fois encore , restait coi.
Hélas les choses n'allaient pas aussi bien sur le front intérieur. Le Marquis de Raffarin, ancien premier Ministre aux célèbres saillies prud'hommesques était fort en colère contre le souverain , celui ci l'ayant traité d'irresponsable .Tout cela était venu d'une taxe que sa Majesté à court d'argent voulait imposer aux lieux de réjouissances populaires et contre laquelle le Marquis ,qui aimait danser la gigue et le quadrille parmi le peuple, s'opposait.
Cette dispute était mal venue de la part de l'empereur, non point que Raffarin représentât une grande force , mais parce qu'il menaçait d'apporter son soutien au Marquis de Borloo dont Sa Majesté, en l'humiliant s'était fait un ennemi juré et qui cherchait des alliés pour mener une fronde contre lui. Sa Majesté et ses sbires s'efforçaient d'isoler Borloo par tous les moyens.
C'est dire que la défection de Raffarin qui entrainait toujours à ses basques son fidèle Bussereau, était malencontreuse. C'est pourquoi le souverain se hâta de renoncer à sa taxe pour ne point déplaire au vieux courtisan.
Des vents contraires parcouraient la Cour . Bien que l'on fît en sorte qu'il n'y parût pas, et que ceux qui haïssaient le souverain s'efforçassent de ne pas le montrer pour ne pas encourir ses foudres, la liste de ses opposants, de ceux qui ne croyaient plus en lui et souhaitaient jusqu'à son éviction s'allongeait chaque jour en secret.
L'empereur se trouvait pris dans d'autres tourmentes. Il en est qui l'accusaient d''avoir bénéficié des largesses d'une vieille douairière milliardaire et un peu folle. D'autres prétendaient que sa police espionnait les chroniqueurs des gazettes trop curieux. Tout cela s'ajoutait aux affaires du Baron Woerth soupçonné d'avoir vendu à vil prix un domaine impérial, ou du maquignon Tapie, arrosé des millions pris au peuple Les courtisans les plus zélés avaient de plus en plus de mal à démentir les rumeurs qui couraient. Certains se faisaient mous dans leur défense.
Tout ce qui se pouvait faire, à chaque occasion où se révélait une affaire honteuse était d'accuser l'opposition de faire pire. Cela tenait lieu d'explication et d'excuse. La Morano , ministre d'on ne savait quoi, y excellait à défaut de savoir faire quoi que ce fut d'autre.
Seul le baron Lefèbvre avait réussi à dérider un peu la cour en prétendant que les calamiteux chiffres de l'emploi étaient dus au trop grand nombre de bébés dans l'empire. Ces bébés étaient sans doute, au dire de ce zélé courtisan , des bouches inutiles à nourrir dont la seule occupation était de ne point travailler. Sans doute le bébé que porte de l'impératrice Carla échappera-t il à cette accusation et se mettra-t-il au travail dès le deuxième jour de sa naissance ?
L'empereur se rendait compte sur le tard , que tous les décrets, lois, règlements et ordonnances qu'il avait pris depuis le début de son règne , l'avaient rendu odieux aux yeux de son peuple. Ils ne servaient qu'aux riches et nuisaient au peuple dans son ensemble. Aussi, à la fin de reconquérir ses sujets , se mit-il a détricoter ce qui avait été tricoté. Il avait été bien de faire la loi, mieux encore était de la défaire. Mais tel était l'esprit de ce prince, qu'en même temps qu'il défaisait, il n'oubliait pas de trouver quelque avantage à donner aux riches et quelque ressource à retirer aux pauvres.
Ainsi allait l'empire...
1 commentaire:
how many time i do not do what i want to do but do what i dont want to do
Enregistrer un commentaire