Ah là là, « l'image de la France, de la France rurale, de la France des terroirs et des territoires, de la France qu'on aime bien », voila ce qui est beau, ce qui nous plait. Il a raison Jacob.
D'abord lui c'est un paysan, un vrai ! Son parler rugueux, ses mains calleuses, ses sourcils épais, sa façon de s'essuyer machinal, d'un revers de manche les lèvres, et de replier son opinel après avoir liquidé les dernières miettes de son pâté pur porc carrefour, et léché les dernières gouttes de gros rouge au fond de son verre Amora , tout en témoigne. Un gars du terroir, bien de chez nous. Le soir, dès qu'il a fini sa journée de travail auprès des députés du terroir UMP, il n'a qu'une envie, rentrer chez lui, regagner ses champs avant la tombée du jour pour atteler ses deux grands boeufs roux à la charrue et partir tracer quelques sillons dans le jour qui décline. C'est là qu'il est bien, l'homme des terroirs, à méditer sur les temps qui changent ... Parfois il sème, lançant à la volée les poignées de grain nourricier qu'il extrait du sac Monsanto fixé à sa taille. Plus tard, les vagues d'épis blonds onduleront transgéniquement dans la brise du soir.
Jetant un dernier regard sur cette terre, ce champ qui est sien et dont la glèbe colle à ses bottes comme une gangue bienfaitrice, il aiguillonne ses boeufs une dernière fois pour les ramener à l'étable.
Il n'est pas le seul homme du terroir à l'UMP, et c'est pour cela que nous les aimons.
Prenez MAM par exemple. Voila une basque qui porte sur elle l'image de son terroir. Le béret élégamment planté de travers, le jarret fait pour la marche sur les pentes de la Rhune, elle n'est elle même que dans son Labourd, ou alors parfois en Tunisie. Plongée dès son enfance dans la pipérade, nourrie aux chipirones, capable de chanter les points au trinquet, elle possède tous les enregistrements d'André Dassary, le célèbre chanteur du pays.
Et Ollier ? Jamais loin de son oie favorite, sa démarche lourde à travers les bois de chênes truffiers en fait le symbole du Périgourdin. Ce qui ne l'empêche pas d'être ouvert au monde, à la Lybie, à l'amitié avec Kadhafi.
Même le premier ministre Fillon, malgré son air pincé, sort de son chateau sarthois pour aller s'acheter des pots de rillettes au supermarché du coin pour son petit déjeuner. Et tous les matins c'est un coq de Loué qui le réveille.
C'est dire si nous avons chez nous de vrais provinciaux, des représentants d'authentiques terroirs .
L'auvergnat Hortefeux ne jure que par le petit salé aux lentilles, la potee aux choux, Vichy Celestins, l'eau qui fait du bien... Enfin quand je dis Hortefeux c'est déjà un peu limite parce qu'il s'habille en auvergnat mais en fait il est de Neuilly... Et Neuilly c'est pas un terroir. Vous avez vu de la bouse à Neuilly, vous ? Ni de bouses, ni de vigne, ni de portée de canards qui se dandinent pour aller à la mare, ni de porcs comme en Bretagne où ça renifle le lisier partout...
Tout ce qu'ils ont à Neuilly, c'est la poudre de pesticides qui leur retombe dessus quand les vrais paysans, leurs amis de la FNSEA vaporisent sur la Beauce... Jusqu'à 33 pesticides, on retrouve dans l'air parisien, selon les analyses... Bon ca fait déjà un peu terroir mais encore insuffisant.
Je serais pour l'installation d'une porcherie industrielle géante au centre de Neuilly, ça leur apprendrait la campagne ! Et pour que ça fasse vraiment terroir, on pourrait construire une usine Madrange juste à côté. La plage aux algues vertes descendrait jusqu'à la Seine.
Mais alors jamais un type de Neuilly ne pourra accéder à un haut poste s'il faut appartenir à un terroir ! Ce n'est pas de manger une pomme sulfatée par jour et de prétendre aimer le fromage fort que ça lui donnerait le label rouge...En 2012 ça menace d'être difficile !
A moins que... Pourquoi ne pas créer le terroir de l'Elysée ? Il y a du terrain autour, non ? Une culture de pommes de terre bien de chez nous, un coin de pré pour élever des chèvres (Ségolène ou Bussereau pourraient fournir la recette du chabichou), quelques néfliers, et voilà... bien entendu chacun aurait sa bêche a ses mesures avec ses initiales gravées, le port des sabots fourrés de paille serait obligatoire, et pour les pesticides chaque visiteur serait invité à se saisir d'un pulvérisateur à son arrivée et à exercer ses talents. Ca au moins , ça aurait de la gueule, de la couleur locale, une bonne odeur de terroir, surtout si on met le fumier devant l'entrée. Ah ça serait beau. Tous ces gens de Neuilly, les Sarkozy, Hortefeux, Le Maire (surtout lui, un ministre de l'Agriculture venu de Neuilly en passant par la rue d'Ulm et l'ENA), Balkany , Lefèvre, rien que du terroir neuilléen pur jus, de l'AOC véritable, pour plaire à Jacob...
Au fait si vous en avez l'occasion, revoyez plutôt ces chefs d'oeuvre ethnologiques de Georges Rouquier : Farrebique (1946) et Biquefarre (1982)...
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